Intimidation, abus de pouvoir, chantage… Devant la pression d’un de leurs collègues, près d’un travailleur québécois sur cinq (19 %) a reconnu avoir déjà pris des décisions allant à l’encontre de ses propres valeurs.
Pourtant, la grande majorité (90 %) des professionnels en ressources humaines et en relations industrielles interrogés (CRHA/CRIA) dans cette enquête de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés affirment que l’éthique fait partie intégrante de la culture de leur entreprise.
La faute au gestionnaire ?
Alors que 80 % des CRHA/CRIA affirment que des normes encadrant les comportements sur le plan éthique et déontologique sont mises en place au sein de leur organisation, moins de la moitié des travailleurs sondés (40 %) ont indiqué connaître l’existence de telles mesures.
« Ces résultats indiquent qu'il y a un grand effort de communication à faire pour que les employés soient au courant des programmes de l'organisation. Il ne s'agit pas de le dire une fois, mais plutôt de répéter et d'expliquer le message régulièrement. La sensibilisation en continu assure l'efficacité des mesures mises en place », déclare par voie de communiqué Florent Francoeur, CRHA, président-directeur général de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.
Un jeu de miroir
Parce qu’elles font souvent référence à des règles de bonne pratique implicites et non écrites, les valeurs éthiques renvoient à une notion subjective qui sera influencée par les comportements valorisés dans la culture organisationnelle de l’entreprise.
En d’autres termes, c’est aux responsables des ressources humaines de montrer l’exemple et de s’assurer que la transmission de ces lois tacites se fasse à tous les niveaux de l’organisation.
À ce titre, l’étude établit également un lien entre le non-respect des règles d’éthique et la perception qu’ont les travailleurs de leur patron : un employé qui s’écarte du droit chemin au travail aurait tendance à considérer ses supérieurs comme des personnes moins intègres. Ces dommages collatéraux se traduisant par des impacts négatifs sur l’image de l’entreprise pourraient pourtant être évités. Comme le souligne le rapport d’étude, moins de travailleurs agiraient à l’encontre de l’éthique s’ils étaient mieux informés sur les normes visant à encadrer leurs comportements étaient mises en place.
Une affaire de compatibilité
C’est lorsque les valeurs individuelles d’un travailleur entrent en conflit avec celles véhiculées par l’entreprise que des comportements contraire à l’éthique risquent le plus de surgir.
« On peut atténuer les risques de conflit de valeurs en effectuant un recrutement serré, c'est-à-dire en embauchant seulement des personnalités compatibles avec l’organisation, écrit Isabelle Bédard, CRHA, présidente de CIB Développement organisationnel, dans une de ses chroniques. En entrevue, il faut réussir à cerner la mentalité et les valeurs du candidat pour prévoir comment il réagira dans diverses situations organisationnelles. »
Comme le pensent près de 20 % des membres de l'Ordre interrogés, la sensibilisation aux questions éthiques auprès des collaborateurs débute dès l'entrevue de sélection. « Il s'agit d'une excellente pratique! s’exclame M. Francoeur, elle permet de réduire les comportements indésirables en assurant un meilleur appariement entre l'employé embauché et les valeurs prônées par l'organisation. »