Les gestionnaires RH font majoritairement face à une complexification croissante au sein de leur organisation. Plus de la moitié d'entre eux se sent même dépassée par les circonstances. C'est ce que révèlent les résultats d'une récente enquête menée par Lumesse auprès de 1 300 personnes de la fonction RH, basées en Amérique, en Europe et en Asie.
94% des gestionnaires RH font face à des niveaux de complexité croissants depuis plusieurs années. Face à ce constat, ils sont 61% à se sentir dépassés et 52% à douter de leurs capacités à gérer la complexité. Un défi davantage marqué pour les seniors occupant un poste de vice-président RH qui sont 49% à s'estimer tout à fait capables contre 66% des profils non-seniors et 63% des cadres RH.
Les principaux facteurs de complexité évoqués par les répondants sont : l'opacité des processus de décision, les facteurs macro-économiques et les cadres législatifs, la capacité à recueillir et analyser les données. Ont ensuite été cités : l'émergence des nouvelles technologies, les pénuries de compétences, les différences culturelles et internationales, et le manque d'intégration dans les systèmes d'information RH.
Des entreprises peu concernées
60% des répondants n'ont pas entièrement confiance en leur entreprise pour gérer la complexité, et presque la moitié des membres de direction (45%) partagent cette inquiétude. Un phénomène qui évolue en fonction de la taille de l'entreprise. Moins les effectifs sont nombreux, plus le niveau de confiance baisse. 57% des RH des grandes entreprises (entre 5 000 et 9 999 employés) ont confiance en la capacité de leur organisation à gérer la situation. Une note qui tombe à 44% pour les entreprises de 1 000 à 4 999 salariés. En revanche les très grands groupes (plus de 10 000 collaborateurs) ne rassemblent qu'un timide 25%.
Les dirigeants ne recueillent que très peu d'adhésions puisque 30% des gestionnaires RH les jugent tout à fait capables de faire face. Par ailleurs, seulement 30% des interrogés ont déclaré que leur entreprise incluait la capacité à gérer la complexité dans la politique de recrutement des cadres et dans les processus de développement.
Des conséquences multiples
62% des RH soutiennent que la complexité a un impact négatif sur la compétitivité de l'entreprise sur son marché. Elle a également des conséquences directes sur la motivation et l'engagement des salariés (61%), le profit de l'entreprise (61%), la productivité des équipes (60%) et entrave la capacité à augmenter le revenu de l'organisation (60%). Des effets qui varient en fonction de la taille des entreprises. À titre d'exemple, celles de 100 à 10 000 salariés estiment que ce sont la motivation de leurs équipes puis la productivité qui sont les plus affectées. Pour celles qui comptent plus de 20 000 employés, il s'agit de la profitabilité.
D'après Stephen Cerrone, ancien dirigeant principal des ressources humaines chez Sara Lee, la complexité constitue un indicateur de changement difficile à prédire qui peut avoir un impact positif ou négatif sur le fonctionnement d'une entreprise. La complexité doit alors être acceptée en travaillant avec, et non pas contre elle. Il suggère ainsi aux organisations de ne pas limiter sa gestion aux dirigeants RH mais de l'intégrer à l'ensemble de la hiérarchie afin de générer et promouvoir communication et discussion auprès de l'ensemble des salariés.