Résoudre l’enjeu de la rareté de la main-d’œuvre en soutenant les entreprises, c’est l’idée du gouvernement en place. « C’est intéressant, car elles ont besoin d’aide dans le contexte actuel », explique Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec.
Pour elle, l’aide gouvernementale incitera les organisations à augmenter les salaires et les conditions de travail des salariés, deux facteurs importants pour attirer et retenir les employés.
Dans un billet, la chercheure de l’IRIS Julia Posca écrivait que le gouvernement ne prend pas assez en compte les conditions de travail. En témoigne la faible rémunération des dix professions les plus demandées au Québec, des emplois généralement pénibles.
Travailleurs expérimentés
Pour l’économiste Pierre Fortin, Québec devrait poursuivre aussi ses efforts pour prolonger la vie active. Au Québec, le taux d’emploi des personnes de 60 à 64 ans est de 48,5 %. Celui des 65 ans et plus s’élève seulement à 10,3 %.
Pour maintenir ce bassin de travailleurs en emploi, des aides aux entreprises pour adapter les milieux de travail et un crédit d’impôt ont été mis en place. « Seulement, les crédits d’impôt finissent par réduire le salaire net à chaque dollar de plus perçu », estime Pierre Fortin. Trop lourde, la fiscalité découragerait les plus âgés à rester en emploi.
Immigrants
Quant aux travailleurs étrangers, le gouvernement espère mieux sélectionner les étrangers pour mieux les intégrer selon les besoins du marché, une vision qui suscite bien des débats. Si les recrutements sélectifs à l’étranger permettent de combler des besoins rapidement, ils ne peuvent pas être la seule option, estime Pierre Fortin.
Ils doivent comprendre un volet d’accompagnement des travailleurs étrangers, car recruter sans intégrer compromet la rétention. En août 2019, Québec annonçait un parcours personnalisé pour accompagner les travailleurs depuis l’étranger. « Ce n’est pas parfait et il y a encore des discriminations conscientes et inconscientes. Mais il y a plus d’intérêt, des organisations se réveillent », explique Manon Poirier.
Effort collectif
L’effort doit être collectif pour être efficace, estime-t-elle : « Le gouvernement peut soutenir, mais les organisations doivent se réinventer en changeant leurs pratiques de gestion ».
Entamer une transition technologique semble de plus en plus primordial. « C’est important même sans pénurie, car cela permet de réduire les besoins et de donner plus de valeur ajoutée aux emplois », défend Manon Poirier.
Il en va de même pour la formation professionnelle, qui fidélise les employés. Afin d’inciter les entreprises, le gouvernement vient de lancer un plan pour augmenter le taux de littératie des Québécois et investir dans la formation aux nouvelles technologies. Une idée saluée par la Fédération des chambres de commerce et d’industrie du Québec.