Etre un actif salarié, indépendant, disposant chaque mois d’un revenu, mais vivant sous le seuil de pauvreté ? Une contradiction qui devient réalité pour de plus en plus de travailleurs de la région de Toronto, victimes, selon un rapport, d’une paupérisation alarmante.
Le travail, un remède efficace contre la pauvreté ? Pas si sûr. Un rapport publié début février par la fondation Metcalfe souligne l’augmentation du nombre de travailleurs pauvres en Ontario ces dernières années. En 2005, la région comptait quelques 113 000 travailleurs en situation de difficulté financière, soit 42 % de plus qu’en l’an 2000.
La capitale elle-même n’est pas épargnée. Si les banlieues de Mississauga, Richmond Hill et Markham sont certes les plus touchées par ce phénomène de paupérisation des actifs, plus de 70 000 des travailleurs identifiés par le rapport vivent en effet à Toronto. Et, au cœur même de la ville, la hausse la plus significative est constatée à l’est de la rue Yonge.
Inquiétantes, ces données le sont plus encore lorsque l’on sait que la province a depuis 2006, date du dernier recensement sur lequel se base le rapport, subit la récession plus forte à l’échelle du pays. Autres faits aggravants : c’est dans la région de Toronto qu’est enregistré le coût de la vie le plus cher au Canada, et qu’est observé le marché immobilier le plus élevé.
Travailleurs pauvres : le profil type
Dans les rangs des travailleurs pauvres, quelques traits communs se dessinent, les concernés faisant montre, le plus souvent, d’un profil et de cursus similaires. Les professionnels des secteurs de la vente et des services sont par exemple généralement les plus touchés, de même que les personnes issues de communautés immigrantes, ou vivant seules.
Autres caractéristiques récurrentes : les travailleurs pauvres sont rarement propriétaires de leur logement, détiennent un niveau d’éducation légèrement plus bas que le reste de la population active canadienne, et sont majoritairement jeunes. En effet, 63 % des personnes ainsi recensées sont âgées de 18 à 44 ans. Enfin, loin de toutes les idées reçues, la plupart des actifs pauvres travaillent un nombre d’heures comparable à celui pratiqué par les autres salariés.