« Avec 2010 revient l’optimisme»,
Marie Pinsonneault, associée principale, Hewitt & Associates
Quel bilan peut-on tirer de cette année 2009 ? Quels sont les grandes problématiques auxquelles les ressources humaines devront faire face en 2010 ? Marie Pinsonneault, associée principale du bureau montréalais du cabinet international Hewitt & Associates, l’un des acteurs majeurs de l’externalisation des processus RH, nous livre le fruit de ses observations.
En matière de ressources humaines, quels ont été les faits saillants de 2009 ?
L’année 2009 aura vraiment été marquée par la récession. Les organisations, qui auparavant étaient dans une problématique d’attraction et de fidélisation de talents, ont soudainement mis un terme à leurs projets de recrutement. Avec les difficultés économiques, les mises à pied massives ont succédé à cette chasse effrénée de main d’œuvre. Résultat, durant une année, les professionnels des ressources humaines ont quelque peu oublié cette problématique. Pourtant celle-ci n’a pas pris fin avec la crise. Toujours latente, elle reviendra en force avec la reprise.
Autre constat pour 2009 : nombreuses sont les entreprises à avoir freiné, voire arrêté, leurs investissements en matière de développement organisationnel. La formation a été la première à en pâtir. Un très mauvais calcul en période de crise, où la mobilisation des employés est d’autant plus capitale. Les résultats de l’étude annuelle de Hewitt « Les Employeurs de choix au Canada » sont sans appel. Les entreprises qui ont su maintenir leurs efforts en termes de leadership et de développement de talents enregistrent en effet une hausse d’environ 2 % en moyenne de la mobilisation de leur salarié.
Au vu de ces observations, comment se profile l’année 2010 ?
Avec 2010 revient l’optimisme. On commence déjà à voir des premiers signes encourageants indiquant la fin de la récession. Toutefois la reprise ne sera pas effervescente. Les projets de développements organisationnels gelés l’an passé sont à nouveau à l’ordre du jour, mais leur mise en œuvre se fera étape par étape. La prudence est vraiment de mise.
Même timide, cette reprise va donc progressivement remettre sur le devant de la scène cette pénurie de talents occultée en 2009. Les organisations vont devoir se recentrer sur cette question. L’attraction, la rétention et la fidélisation des collaborateurs se dessine comme l’enjeu majeur auquel devront faire face les RH dans les vingt prochaines années.
Concrètement, qu’est ce que cela signifie pour les organisations ?
L’étude de Hewitt analyse 21 leviers ou facteurs déterminants de la rétention des employés. Tous n’ont pas la même importance et le même impact selon les entreprises, mais certains d’entre eux reviennent comme des constantes majeures. Premier phénomène intéressant : même s’il est rarement une source de grande satisfaction, le salaire n’apparaît pas comme le principal élément de motivation. En revanche, le développement de carrière et l’apprentissage sont des moteurs particulièrement importants. La reconnaissance et le leadership de l’entreprise sont également évoqués de façon récurrente. Tout comme la réputation de l’entreprise. La marque employeur est donc plus que jamais un sujet sur lequel les organisations doivent travailler.
Sur quels points les ressources humaines doivent-elles plus particulièrement se concentrer en 2010 ?
Dans une entreprise où rien n’a encore été fait en matière de mobilisation des employés, il est important de se concentrer sur la qualité des gestionnaires, leur leadership. Cela signifie investir sans minimiser l’importance des ressources tant matérielles qu’humaines. Bien protéger sa marque employeur nous paraît également fondamental.
Comment voyez-vous évoluer la fonction RH ?
La mission des professionnels en ressources humaines devient de plus en plus stratégique au sein des organisations. Ils ne sont plus seulement des intervenants opérationnels, ils participent aux enjeux de l’entreprise. Par ailleurs, depuis une dizaine d’années, avec les fusions et les acquisitions des organisations, la mission des RH s’est complexifiée. Ce qui a pour effet d’entraîner un autre phénomène : son externalisation. Les entreprises préfèrent en effet recentrer leurs investissements sur leur cœur de métier et confier leurs missions ressources humaines en impartition. C’est notamment le cas en ce qui concerne la gestion des avantages sociaux. Une tendance qui va aller en se poursuivant.
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