Le patron idéal – Être un leader, montrer l’exemple, inspirer… Les attentes des jeunes travailleurs d’aujourd’hui envers leur patron sont différentes de celles des travailleurs plus expérimentés. Ce changement de mentalité se reflète particulièrement dans le rôle de gestionnaire.
« Si tu n’écoutes pas, tu peux partir. C’est le genre de discours qu’acceptaient les salariés il y a encore 20 ou 25 ans, alors que le gestionnaire incarnait l’autorité. Aujourd’hui, le gestionnaire n’a pas le choix de faire son travail différemment s’il veut garder ses employés », affirme Sylvain Tétreault, cofondateur du cabinet-conseil Blackburn Tétreault & Associés. « Un employé performant, c’est un employé heureux. »
Sylvain Tétreault forme des gestionnaires pour les aider à améliorer leur performance. Il croit que la nouvelle génération de travailleurs cherche d’abord un leader inspirant, qui saura les faire progresser en les guidant. « Or, beaucoup de gestionnaires sont encore formés selon l’ancien modèle autoritaire », affirme le formateur. Selon lui, tout patron doit développer trois compétences : le savoir, le savoir-faire et le savoir-être. « Le savoir-être, c’est la capacité de s’adapter aux situations et aux individus, explique Sylvain Tétreault. C’est surtout cet aspect que les nouveaux patrons doivent travailler, parce qu’ils sont souvent issus du terrain et n’ont pas reçu de formation de gestionnaire. »
Les jeunes travailleurs souhaitent aussi que leur patron soit compréhensif, qu’il ne s’attende pas à ce que ses employés sacrifient au travail leur vie personnelle. Sylvain Tétreault croit que les gestionnaires ont avantage à favoriser les horaires flexibles et le télétravail, parce que la latitude et l’autonomie donnée aux employés les rendront plus heureux. « Je vois l’évolution des mentalités, affirme Sylvain Tétreault, qui enseigne à l’École de technologie supérieure depuis 21 ans. Les jeunes cherchent une bonne relation avec leur supérieur, ils veulent être impliqués dans le succès de leur entreprise. Les dirigeants qui viennent d’une autre génération ont du mal à les comprendre. »
Un guide pour les aider à progresser
Plus que les générations précédentes, la nouvelle génération de travailleurs veut que son patron l’aide à développer ses compétences et lui donne davantage de rétroaction. Selon une étude réalisée en 2014 par SuccessFactors et Oxford Economics, la majorité des milléniaux veut recevoir de la rétroaction au moins une fois par mois, soit plus fréquemment que les employés plus âgés. 46 % jugent qu’ils ne reçoivent pas assez de commentaires constructifs de leur patron.
Selon Sylvain Tétreault, seuls 20 % des employés n’ont pas besoin de supervision pour bien se développer. Les autres 80 % ont besoin d’être « écoutés, aimés, disciplinés, guidés, orientés. Ils souhaitent un environnement favorable à l’atteinte des objectifs, qui n’ont jamais été aussi élevés que maintenant ». Pour y parvenir, il faut tisser des relations positives et constructives, ce qui demande un investissement en temps important de la part du patron.