Chasseur de têtes, un métier dépassé ?

Rémi Lachance, CRHA et cofondateur de la firme Proxima Centauri, remettait récemment en cause la pertinence des chasseurs de têtes à l'ère des médias sociaux. Deux chasseurs de têtes lui répondent… 

Rémi Lachance n’y va pas de main morte en ce qui concerne les chasseurs de têtes : « Il ne serait pas étonnant de voir la majorité des firmes de recrutement fermer ou devoir se réorienter au cours des prochaines années. »

La raison? Les médias sociaux. Les entreprises, par souci d’économie, seront tentées d’utiliser le web 2.0 pour « attirer, rejoindre ou communiquer avec les talents qu’elles désirent », explique le conseiller.

« Les médias sociaux sont effectivement une arme à deux tranchants, concède Martin Lauzon, chasseur de têtes depuis 6 ans et associé chez St-Amour et associés. Si ça facilite notre travail, dans une certaine mesure, il faut aussi être conscient que les entreprises y ont également accès. »

Leur utilité doit être relativisée, croit pour sa part Xavier Thorens, chasseur de têtes depuis 10 ans et fondateur de sa propre firme, Thorens Solutions. Les médias sociaux servent principalement à la prise de contact, mais il ne s’agit que d’une étape parmi plusieurs dans le processus de recrutement. »

Les employeurs, explique-t-il, recherchent des compétences de plus en plus précises: « Notre travail est d’évaluer si le candidat répond au besoin de l’employeur, mais aussi de vérifier si l’emploi proposé est réellement intéressant pour le candidat ciblé. »

Car Xavier Thorens est conscient de la situation délicate dans laquelle il place un candidat au moment de l’approche : « On s’adresse la plupart du temps à des gens en emploi, et qui sont peut-être entièrement satisfaits de leur emploi. Nous ne sommes pas là pour mettre des travailleurs à risque. »

« Contacter un candidat demande beaucoup de délicatesse, renchérit Martin Lauzon. Il est peut-être sur son lieu de travail, en présence de son patron. Quand un candidat n’est pas intéressé, on n’insiste pas. »

  

L’éthique remise en question

Dans son article, Rémi Lachance ne questionne pas seulement l'utilité des chasseurs de têtes, il remet aussi en cause leur intégrité : « Certains n’appliquent aucune règle, ni code de conduite, croyant que toutes les méthodes sont bonnes pour combler le poste d’un client. » 

Pourtant, Rémi Lachance reconnaît lui-même que « les membres de l’Ordre des CRHA sont soumis à un Code de conduite pour les conseillers en recherche de cadres afin d’assurer la protection du public en matière de pratiques en recrutement ».

« La chasse de têtes n’est pas un métier de junior, tranche Xavier Thorens, lui-même CRHA. Une personne qui entre chez nous est accompagnée pendant deux ans par un directeur senior avant de voler de ses propres ailes. »

« N’importe qui ne peut s’improviser chasseur de têtes », poursuit Rémi Lachance.

« C’est techniquement vrai, répond Martin Lauzon, qui n’est pas CRHA. Mais on ne peut s’en sortir sans une expertise quelconque. » Dans son cas, c’est son parcours de gestionnaire en vente qui l’a rendu apte à devenir recruteur dans ce secteur.

« On ne peut durer dans ce métier si on n’a pas un haut degré d’éthique », ajoute-t-il encore. Il œuvre, souligne-t-il, pour une firme établie depuis 40 ans.

Articles récents par
Commentaires

Réseau d'emplois Jobs.ca