Patrons vieux jeu ou jeunes cadres en crise d’adolescence ? .
X, Y, bientôt Z, chaque génération se suit et ne se ressemble pas sauf … dans sa difficulté à se faire comprendre de la précédente. Pourtant, les babys boomers ont certainement eu autant de difficultés avec leurs aînés, que les Y en auront avec les X et ainsi de suite. Bref, chaque lignée découvre la nouvelle vague de jeunes professionnels comme s’il s’agissait une bande d’extra-terrestre qui elle, trouve ses aînés dépassés et pas branchés sur les « nouvelles réalités »…
Le choc des générations a donc toujours existé. Il n’y a rien de nouveau sauf que la notion de la hiérarchie évolue. Aujourd’hui, ce n’est plus systématiquement l’ancienneté qui prime pour garantir le statut et le pouvoir…mais la compétence. Ce qui n’a rien à voir avec l’aĝe. On dit bien que « la valeur n’attend pas le nombre des années ». Pas facile à accepter pour les plus anciens. On nous le dit pourtant, les nouvelles générations sont plus éduquées et plus connaissantes. Par contre elles sont moins tolérantes face à l’autorité, elles considèrent le travail comme un milieu « collégial » qui doit laisser place à l’entrepreneurship et la créativité.
Habitué à vivre dans le changement, le jeune professionnel sait qu’il va devoir s’adapter et se prendre en mains pour évoluer. L’accès global à l’information, la vitesse avec laquelle se développent les nouvelles technologies permettent aux plus jeunes de performer encore plus rapidement dans le monde du travail. L’élève dépasse le maître beaucoup plus rapidement qu’avant. Quand certains sont encore en train d’essayer de comprendre comment fonctionne leur nouveau système de messagerie électronique, les « wiz kidzs » ont déjà exploré les fonctions les plus sophistiquées de leur black berry. De nombreux cadres seniors sont déroutés et souvent démunis face à leurs jeunes recrues et du coup, ils se sentent menacés. Il y a pourtant un moyen d’éviter le conflit pour apprendre l’un de l’autre. Septique ? Voici quelques principes essentiels à appliquer que vous ayez 25 ou 55 ans :
- Se respecter. Apprendre à écouter l’autre et à lui « faire de la place ». Accepter les différences de chacun, chercher à comprendre les motivations de l’autre pour l’intégrer au groupe. Accueillir un jeune professionnel dans son équipe et traiter d’égal à égal avec lui implique d’accepter de remettre en question ses processus habituels. Ce n’est pas parce que vous avez toujours procédé de la même façon que cela ne vaut pas la peine de tenter une nouvelle voie. Mettre en commun les idées et les expériences créent une émulation positive.
- Oublier les idées reçues et les phrases toutes faites ! « À mon époque, jamais on aurait fait cela ! » ou «Il est complètement dépassé, il ne comprend rien». Ne cherchez pas à démontrez votre supériorité en utilisant les connaissances ou les informations que vous détenez mais partagez-les ! N’usez pas des « Tu verras quand tu seras à mon niveau, tu ne pourras plus faire ceci… ». « Quand j’étais un jeune professionnel, jamais je n’aurais fait cela » ou bien «Dans mon cours de MBA, j’appris les dernières méthodes en matière de…. Laissez-moi vous dire que vos processus sont dépassés ! » Franchement, ça agace !
- Faire preuve de patience. Souvenez-vous, lorsque vous étiez en début de carrière, vous avez souvent piaffé d’impatience lorsque votre patron ne faisait pas avancer vos projets aussi vite que vous ne le souhaitiez. Pour les plus jeunes, cela signifie aussi que parfois, prendre son temps permet de mieux saisir tous les enjeux d’un projet ou d’une problématique d’affaires pour éviter de foncer tête baissée … dans le mur.
- Savoir reconnaître la valeur de l’autre. Si vous avez décidé d’engager ce jeune talent, c’est que vous aviez de bonnes raisons ? Pourquoi ne pas lui donner sa chance et le laisser faire ses preuves ? À l’inverse, votre patron n’est pas uniquement là parce qu’il a des cheveux gris… Il a forcement quelque chose à vous apprendre. Faites lui confiance et posez lui des questions.
- Reconnaître ses limites. Récemment, un cadre typique de la génération X me confiait qu’il gérait (avec succès) une équipe plus âgée que lui. Il m’avouait que son secret résidait dans le fait qu’il avouait d’emblée ses lacunes et il sollicitait leur expérience en leur confiant des projets dans lesquels il n’excellait pas. Finalement, un brin d’humilité n’a jamais tué personne.
- Se faire confiance. Laisser le plus jeune apprendre par lui-même, lui donner la possibilité de faire ses propres expériences, quitte à ce qu’il se trompe. Plusieurs gestionnaires que j’ai interrogés à ce sujet m’ont tous raconté une histoire semblable. Un de leur jeunes talents, fougueux, ambitieux voulait systématiquement « faire à sa manière ». Reconnaissant néanmoins le potentiel de l’individu, ils le laissaient « se planter » tout en le surveillant du coin de l’oeil. Le résultat est souvent surprenant. Reconnaissant son erreur, le jeune gagne en maturité et accepte les conseils du plus sage (qui bien sûr veille à ne pas en rajouter et l’humilier…). Ils ont réussi à créer une expérience commune qui allie respect, confiance et patience.
En résumé, on évite le conflit de génération en cherchant à bâtir une relation durable qui repose sur des valeurs fortes… Belle marque de sagesse n’est-ce pas ?