Afin de trouver des solutions à certaines problématiques rencontrées en entreprise, au lieu de faire appel à des consultants, on préconise depuis quelques années une nouvelle approche, qui implique les pairs plutôt que des ressources externes: le codéveloppement professionnel.
Cette méthode existe depuis la fin des années 1990 au Québec. Plutôt que de faire appel à un consultant externe pour régler des problématiques, on rassemble quelques personnes (4 à 8), qui peuvent être d'une même entreprise ou non, et qui souhaitent améliorer le travail quotidien de gestion et trouver des solutions innovantes aux problèmes qu'ils rencontrent.
Comment ça marche ?
Les rencontres s'échelonnent sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, et peuvent se répéter sporadiquement chaque année si l'approche est productive pour le groupe. Un animateur externe est requis pour agir à titre de modérateur. À chaque rencontre, l'un des participants incarne le client et met sur la table une des problématiques qu'il vit au travail. Les autres participants deviennent les conseillers qui questionnent, suggèrent, et échangent entre eux sur le sujet. Au bout de 2 à 4 heures, un plan d'action sera établi d'un commun accord entre les participants. Le client s'engage à tenir au courant les autres participants des développements au fil des rencontres.
« Ce qu'on constate, c'est que la méthode de formation traditionnelle a ses limites, nous dit Michel Desjardins, président de l'Association québécoise du codéveloppement professionnel (AQCP) et lui-même animateur de groupes de codéveloppement. Les gens n'utilisent pas toujours les notions apprises à l'université. » Selon lui, avec le codéveloppement, les solutions sont plus concrètes, intégrées immédiatement au travail.
Des avantages pour tous
« De plus en plus d'entreprises misent sur le leadership de leurs cadres pour s'adapter à la clientèle », mentionne Michel Desjardins. Ces petits groupes permettent de bénéficier de l'expertise de chacun et de transférer les connaissances acquises sur le terrain. Gestionnaires, ingénieurs, infirmières ou chefs d'entreprise, tous ceux qui ont des décisions à prendre, du personnel à encadrer ou des objectifs divers à atteindre peuvent y trouver leur compte.
Et les types de problèmes abordés sont très variés. « Ce peut être un chef d'entreprise qui veut s'assurer de transférer son expertise à ses enfants, par exemple, nous dit M. Desjardins, ou un autre qui cherche à mobiliser quelqu'un dans son équipe pour qu'il soit davantage vendeur et développeur de ses services. Ou encore une infirmière qui veut inciter confrères et consoeurs de travail à modifier leur approche auprès des patients plus âgés. »
Cette façon de faire, qui combine à la fois formation et pratique professionnelle, offre de nombreux avantages aux organismes et entreprises. Plus économique, elle permet aux pairs de profiter mutuellement de leur expertise plutôt que d'engager à prix fort un consultant externe. De plus, la diversité de modèles et d'expériences favorise la créativité dans l'approche de la problématique. De leur côté, les participants forment un groupe de soutien et s'appuient les uns les autres et enfin, les techniques apprises et autres acquis sont testés et appliqués directement sur le travail en entreprise.
On n’a rien pour rien…
Bien sûr, cette approche demande une forte implication de la part des membres du groupe, mais elle est également source de motivation. Toutefois, il faut accepter de partager son savoir avec des collègues, sous la prémisse que ce partage bénéficiera à tous. De plus, les effets sur le travail ne sont pas nécessairement immédiats et spectaculaires. Le progrès se fait lentement… mais sûrement.
Par Julie Marcil – 37th AVENUE