À l’heure des technologies portables, des employeurs fournissent à leurs équipes des appareils traqueurs d’activité physique, qui enregistrent notamment le nombre de pas effectués quotidiennement.
Une façon d’encourager un mode de vie plus actif mais aussi de renforcer la productivité des employés ainsi que la cohésion des équipes.
Sara Garneau est chef de la direction marketing et innovation chez AFI Expertise, une firme en formation et en service-conseil. Il y a deux ans, elle a acheté un bracelet Fitbit. Curieux, ses collègues lui ont posé des questions à son sujet et certains d’entre eux ont commencé à l’imiter. Désormais, une trentaine d’employés sur les 150 que compte l’entreprise sont équipés d’un bracelet FitBit.
Et l’entreprise a choisi de rembourser l’achat du traqueur à ceux qu’ils l’utilisent pendant au moins trois mois. Le modèle le moins cher, le Fitbit Flex, se vend 120 $. Il inclut l’accès à une plate-forme en ligne afin d’avoir accès à ses statistiques et suivre sa progression.
Concret et ludique
Une décision motivée par les avantages des traqueurs d’activités en milieu de travail. « Cela permet d’éveiller les gens à l’activité physique et de les motiver», souligne Pierre Audet, président-fondateur d’Olympe, qui accompagne des entreprises en matière de santé au travail.
Outre le nombre de minutes actives, le bracelet Fit mesure la quantité de pas et permet donc de vérifier que l’on fait bien les 10 000 pas quotidiens recommandés par l’Organisation mondiale de la santé. Avoir un objectif à atteindre tous les jours est une façon ludique d’être actif physiquement et donc d’être plus productif. Selon le Groupe entreprises en santé, un employé actif est 12 % plus productif que s’il était sédentaire. Et pour chaque dollar dépensé dans un programme de santé en entreprise, le retour sur investissement est de 3 $.
Une dimension sociale
Les entreprises qui fournissent ou remboursent les traqueurs d’activité organisent souvent des défis au sein de leurs troupes. Chez AFI Expertise, des employés se sont lancé le pari de faire collectivement 5 millions de pas en un mois. Une expérience qui participe à développer la cohésion d’équipe mais aussi le sentiment d’appartenance. Grâce au programme Fitbit Corporate Wellness, il est facile de créer des groupes virtuels d’utilisateurs et de communiquer sur sa pratique.
Partager ses scores, raconter sa marche de la veille à ses collègues ou encore s’encourager mutuellement à faire ses 10 000 pas tous les jours tisse des lienns entre les employés, même s’ils sont éloignés géographiquement. « Nous avons des bureaux à Québec et à Montréal ainsi que des consultants qui travaillent directement chez nos entreprises clientes, explique Sara Garneau. Le Fitbit permet donc de se suivre entre collègues. »
Ce volet social augmente la motivation, donc la pratique de l’activité physique. Selon Fitbit, un employé jumelé à un autre fait 27 % plus de pas que s’il était tout seul et entre 60 et 80 % plus que s’il n’utilisait pas de bracelet Fitbit.
Faciliter la vie des gestionnaires
Pour les employeurs qui misent sur les traqueurs d’activité, ces petits appareils sont des alliés précieux dans l’application de leurs programmes de mieux-être au travail. Planifier des cours de zumba ou des sessions de course pour motiver les employés à bouger nécessite des ressources, et il est souvent difficile de réunir tout le monde en même temps.
« Le bracelet Fitbit favorise un meilleur suivi, surtout que les gens n’ont pas forcément le temps d’assister à un cours de groupe, dit Mathieu Drugeon, kinésiologue et chef de projet et gestionnaire au sein d’Équipe Altius, qui aide les entreprises à mettre en place des programmes de vie active. La réussite d’un programme de mieux-être repose sur le fait que les employés doivent se sentir impliqués, ce que les traqueurs d’activité permettent. »
Des limites
En dépit de tous leurs avantages, les traqueurs d’activité ne sont pas une solution magique pour améliorer la productivité des salariés. Leur participation repose en effet sur leur bon vouloir. L’employeur ne peut forcer ses employés ni à utiliser un traqueur, ni à rejoindre un groupe virtuel où le nombre de pas quotidiens sera visible de leurs collègues.
Ces appareils se révèlent également insuffisants chez certains travailleurs. Chez AFI Expertise, la moitié des gens ont abandonné leur Fitbit après quelques mois d’utilisation. « C’est efficace pour stimuler les gens le temps d’un défi, mais c’est plus difficile de maintenir l’engouement toute l’année, estime M. Audet. Les gens perdent de l’intérêt, tu ne peux pas être en compétition contre toi-même tout le temps. »
Pour que le Fitbit ne devienne pas un simple gadget, il est important de le considérer comme un outil à intégrer dans une stratégie plus globale. « Si on en a un mais qu’on a de mauvaises habitudes alimentaires et que l’on fume, ce n’est pas un bracelet qui va améliorer sa santé, indique-t-il. Nutrition, contrôle du poids, posture… Il faut aborder tous les aspects d’un mode de vie sain. »
En outre, les traqueurs d’activité enregistrent mal certains mouvements statiques, comme les levées de poids ou les pompes, mais qui brûlent tout de même bien des calories…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après une maîtrise en sciences politiques, Fanny Bourel se tourne vers le journalisme en 2012. Celle qui a signé depuis 2013 près de 200 articles pour les clients de 37e AVENUE se démarque par sa détermination à livrer des textes bien ficelés et vivants, à tous coups. En 2015, elle devenait la première lauréate de la bourse AJIQ-TC Média.