Le même jour, deux patronnes de journaux ont quitté leurs fonctions : Natalie Nougayrède, directrice du quotidien français Le Monde et Jill Abramson, directrice de la rédaction du New York Times. Dans les deux cas, des méthodes de gestion parfois trop directives ont été mises en avant.
Jusqu’où faire preuve d’autorité lorsqu’on occupe un poste de direction et qu’on est une femme ? Natalie Nougayrède et Jill Abramson n’ont pas trouvé la réponse à cette question. Elles viennent toutes deux de quitter leurs fonctions de directrice au sein du Monde et du New York Times. Leurs nominations avaient pourtant été plébiscitées par leurs salles de rédaction respectives. Mais après quinze mois d’exercice pour l’une et trois ans pour l’autre, elles ont dû renoncer. Parmi les causes exposées : leur méthode de gestion jugée trop directives.
Deux femmes intransigeantes
Dans un article paru dans La Presse, Natalie Nougayrède est décrite comme autoritaire, « exerçant un style de gestion à la Poutine. » Des employés du New York Times qualifient Jill Abramson de « condescendante, têtue, impossible » et commentent même son timbre de voix nasillard. La dirigeante du New York Times part pourtant avec un bilan satisfaisant, avec quatre prix Pulitzer et une politique de promotion des femmes à des postes stratégiques dans un journal à forte dominante masculine. Pour sa part, Natalie Nougayrède a contribué à la hausse du nombre d’abonnés en ligne au Monde, l’un des grands chantiers de son mandat. Serait-on donc plus exigeant avec les femmes dirigeantes ?
Un difficile équilibre
Selon Josée Boileau, rédactrice en chef du Devoir, interrogée dans La Presse : « Les femmes n’ont pas droit à la colère. » On excusera plus facilement l’indignation et le mécontentement chez les hommes dirigeants, quand les femmes dirigeantes devront jouer sur différents tableaux : faire preuve de leadership tout en se montrant agréables et souriantes, avec un sens de l’humour à toute épreuve. Ce subtil dosage et cette exigence de l’entourage professionnel expliquent en partie pourquoi les femmes briguent peu les postes de direction dans les journaux…