Emplois précaires : vie précaire pour la jeunesse européenne

Des emplois précaires à répétition pour les diplômés italiens

Pour un grand nombre de jeunes italiens, les contrats à durée déterminée se traduisent par une précarité de longue durée. Sur le marché italien du travail, autrefois trop rigide, la flexibilité est devenu la règle. D’après l’Institut national de statistique (italien), un salarié sur quatre a un contrat de travail à durée déterminée, soit 2,5 millions salariés. Un salarié sur deux dans le secteur des services est dans ce cas. On pourrait supposer que cela permet aux jeunes d’accéder plus facilement au monde du travail, une sorte de phase d’essai avant d’obtenir un contrat à durée indéterminée… La réalité est tout autre, selon l’institut de sondage EURISPES deux tiers des personnes en situation précaire n’ont jamais connu autre chose que des contrats à durée déterminée. 60 % des travailleurs âgés de 26 à 39 ans sont dans cette situation de précarité permanente

Selon EURISPES, 83 % des personnes en travail précaire au moment de l’enquête titulaires d’un diplôme universitaire et 56 % des travailleurs précaires titulaires d’un mastère n’ont toujours eu que des contrats à durée déterminée. Les trois quarts des personnes en contrat à durée déterminée gagnent moins de 1 000 euros par mois.

Cette précarité a des conséquences sociales importantes :

Seuls 6,5 % des travailleurs précaires ont des enfants. Seulement 10 % sont mariés ou en concubinage. La moitié des précaires ont du mal à quitter le domicile familial. D’après l’ISTAT, le nombre de jeunes de plus de 30 ans qui vivent encore chez leurs parents a augmenté de 25 % en dix ans pour atteindre presque 40 % aujourd’hui. Sept travailleurs précaires sur dix déclarent avoir des difficultés pour obtenir un prêt immobilier ou un logement devant l’impossibilité de fournir la preuve de revenus mensuels réguliers.

En Espagne : des diplômés en situation de précarité permanente

Le quotidien « el pais » dans un article intitulé « condamné aux mille euros » cite le témoignage d’une jeune femme de 27 ans habitant le centre de Barcelone et travaillant dans une agence de publicité

“Je suis mille-euriste,“Le ‘mille-euriste’ est un jeune diplômé qui possède des langues étrangères, des masters, des doctorats, des stages de formation […] et qui ne gagne pas plus de 1 000 euros. Il dépense plus du tiers de son salaire en loyer, parce qu’il aime la ville. Il ne met pas d’argent de côté, il n’est pas propriétaire, il n’a pas de voiture, pas d’enfants, il vit au jour le jour… Parfois, c’est amusant, mais à force, c’est lassant […].” L’article précise que L’auteur de la lettre vit avec trois colocataires qui ont 24 ans pour l’une et 29 ans pour les deux autres. Aucune d’entre elles ne gagne assez pour louer seule un appartement. Selon Euridyce (réseau d’information sur l’éducation en Europe) en Espagne, seuls 40 % des diplômés de l’enseignement supérieur ont un emploi correspondant à leur niveau d’études, et le chômage atteint 11,5 % chez les diplômés âgés de 25-34 ans, un des taux les plus élevés d’Europe (la moyenne se situe autour de 6,5 %).

En France : les jeunes contre le Contrat Première Embauche

Les modifications législatives successives sur le droit du travail depuis une vingtaine d’années ont créé un marché du travail à deux vitesses (d’un côté des emplois stables, de l’autre des emplois précaires) ce qui n’a pas empêché d’importantes poches de chômage, en particulier chez les jeunes. 22 % d’entre eux sont sans emploi (alors que la moyenne nationale, tous âges confondus, s’élève à 9,6 %), et deux jeunes non diplômés sur cinq n’ont pas de travail. La France détient un des plus mauvais scores d’Europe avec un taux de chômage pour les moins de 26 ans de 22 %, alors qu’il se limite à 12 % pour le Royaume-Uni et à 15 % en Allemagne.

En France, le vote du contrat première embauche (CPE) par le Parlement a provoqué une opposition farouche de tous les syndicats, des lycéens et des étudiants. En effet, dans une ambiance de précarité vécue par les jeunes, le CPE propose en quelque sorte une période d’essai de deux ans avant de consolider l’embauche. C’est un type de contrat de travail à durée indéterminée, à destination des moins de 26 ans. Contrairement à ce que son nom indique, un salarié peut très bien être sous le régime de ce contrat, sans qu’il s’agisse pour autant de son premier emploi. A l’instar du CNE (Contrat Nouvelle Embauche), ce contrat est assorti d’une “période de consolidation” de deux ans. Celle-ci permet notamment à l’employeur de se séparer d’un salarié durant la “période de consolidation” sans avoir à fournir de motifs de licenciement.

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