Encourager les rencontres multiculturelles en entreprise

Encourager les rencontres multiculturelles en entreprise

Le thème de la diversité culturelle a été abordé dernièrement à l’envi par les médias. Cet œil intérieur tourné vers notre société a permis de faire surgir des questions concrètes : Comment réussir à interagir et à construire des liens avec des personnes provenant d’autres cultures, en incluant davantage leurs différences et leurs… richesses ?

Un leader empathique se doit d’exploiter la diversité culturelle dans son entreprise afin d’entretenir des rapports fructueux avec des êtres variés. Car reconnaître la différence culturelle chez ses employés, c’est, paradoxalement leur montrer combien chacun se ressemble dans son unicité et son humanité.

Décoder la communication non verbale

Pour bien s’entendre, il faut d’abord comprendre le langage de chacun. Le langage verbal, mais aussi la communication non verbale

Nous partons du principe qu’un sourire est source de joie ou que froncer les sourcils est signe de contrariété. Instinctivement, nous nous basons sur des comportements et des expressions faciales, pour pouvoir « décoder » l’état émotionnel de notre interlocuteur. Certaines expressions seraient, en effet, universelles. Grâce à Darwin, puis récemment aux études de Paul Ekman, nous savons que les êtres humains du monde entier reconnaissent au moins six expressions faciales émotionnelles : joie, colère, dégoût, tristesse, peur, surprise. Mais dans notre société moderne, on tente souvent d’atténuer un grand éclat de rire ou une rage de colère, le décodage est alors loin d’être évident. Mieux vaut prendre conscience des perceptions liées à notre culture pour éviter les malentendus sur des collègues ou interlocuteurs issus de milieux divers.

Colère ou joie ?…

Le contrôle des expressions faciales est en fait extrêmement dépendant du contexte social, et en particulier des normes culturelles. Une célèbre étude d’Ekman le démontre : en présence d’un expérimentateur, des participants japonais n’exprimaient aucune émotion en regardant des photos de blessures choquantes (juste un sourcil avait bougé), alors que les occidentaux démontraient clairement du dégoût. Dans la situation sans expérimentateur, les Japonais autant que les occidentaux exprimaient le même dégoût, il y avait donc une censure de l’expression faciale de dégoût dans un climat social chez les Japonais.

L’expression d’émotions négatives comme la colère est, en effet, réprimée dans des pays collectivistes (Asie) et valorisée davantage dans notre société individualiste. Exprimer sa colère est vu en Asie comme une menace à l’harmonie du groupe, qui passe avant l’individu. Cette menace peut entraîner la honte de la famille et des pairs. À l’inverse, que ce soit à la télévision (voir Seinfeld !), ou avec les amis, les sociétés occidentales valorisent l’expression de la colère, la concevant comme une affirmation de soi et de son individualité. Tout comme d’autres cultures valorisent les signes visibles de la tristesse lors du deuil (pleurer, crier etc.) et non une extrême réserve.

Attention à votre proximité !

D’une culture à l’autre, les règles de proximité des individus varient considérablement en fonction du contexte et de la relation. En prendre conscience peut éviter bien des incidents diplomatiques… En effet, on conçoit en occident que la distance intime est entre 0 et 45 cm, que la distance personnelle se situe entre 46 cm et 1,2 m, que celle sociale est de 1,20 m à 3,65 m, et finalement celle publique va de 3,65 m à 7,6 m. Il est des cultures (comme au Maghreb) où les gens sont très proches lorsqu’ils se parlent, les personnes se touchent plus souvent et les hommes se font la bise. Ne pas connaître ces différences culturelles peut être très incommodant, voire irritant, puisque l’on peut penser qu’il s’agit d’un manque de politesse de base !

Accepter des visions du monde divergentes

Un manager doit faire preuve d’ouverture, même face à ce qu’il ne saisit pas. Un employé est un fervent religieux et cela nous dépasse ? Un autre s’absente régulièrement pour aider sa famille dans le besoin ? En cas de divergences de valeurs, il est important de discuter de sa vision du monde afin de trouver des façons « d’accommoder les deux parties » sans amertume ni jugement !

Intégrer les différences culturelles dans le quotidien de l’entreprise

Il suffit parfois d’organiser un « vendredi culturel » où l’on découvre la pâtisserie et la musique typique de la culture d’un des employés, tout en passant un moment agréable. Les différentes cultures sont ainsi valorisées, et mieux comprises. Il est toujours important de renforcer positivement les qualités et les spécificités de chacun : la culture est un aspect qu’on ne saurait mettre de côté.

En conclusion, le maître mot est de rejeter ouvertement les préjugés et l’intolérance, encore trop souvent présents. Les stéréotypes raciaux sont issus de l’ignorance de l’autre : encourager la rencontre multiculturelle aidera à les combattre de façon positive et ludique !

Nadine Murard, Ph.D., est consultante en gestion du personnel, formatrice et chercheuse en intelligence émotionnelle ainsi que conférencière et chargée de cours à l’UQÀM.
nadinemurard@hotmail.com

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