Entrevue :Bruno Leclaire

Entrevue :

Bruno LECLAIRE, président de Jobboom.

 

Connu depuis 1997 sous le nom de Recru-Direct, Jobboom naît en 1999 lorsque Netgraphe acquiert une participation de 75 % dans NEOSIM, (Recru-Direct). Rapidement, le jeune site se taille une place de choix dans le marché québécois, alors fortement occupé par Monster.ca. En 2000, Netgraphe fait l’acquisition des Éditions Ma Carrière, qui deviennent les Éditions Jobboom. De ce fait, Jobboom ajoute une corde à son arc en complétant son offre de service pour se positionner en tant que média spécialisé en carrière et en formation. Jobboom est aujourd’hui le site de recrutement le plus achalandé au Québec, avec quelque 500 000 visiteurs uniques par mois (Media Metrix, mars 2002). La récente débandade dans le secteur des technos et l’arrivée de Workopolis dans le paysage québécois n’ont pas refroidi le populaire site de la famille Quebecor. Plus que jamais, Jobboom compte se distinguer en offrant des services différents, tels que le nouveau Jobboom Formation, un site qui sera lancé en janvier 2003.

La Toile des Recruteurs a rencontré Bruno Leclaire, président de Jobboom.

1- En 2002, Jobboom s’est attaqué au marché ontarien. Quel premier bilan tirez-vous de cette présence en Ontario ?

Nous n’avons pas vraiment attaqué le marché ontarien ! Nous avons plutôt commencé tranquillement, par le biais de partenariats avec Canoe et le Toronto Sun… mais la stratégie d’expansion reste encore à étudier.

2- Workopolis est arrivé au Québec il y a un an. Considérez-vous cette présence comme menaçante ?

Pour être franc, lorsqu’ils sont arrivés dans le marché québécois, nous avons eu très peur ! Nous nous sommes dits : « Ils vont nous massacrer ! ». Finalement, un an plus tard, nous considérons (et ce, sans vouloir sembler prétentieux) qu’ils sont pratiquement inexistants. Nous ne les rencontrons pratiquement jamais dans les « pitchs ». Leurs services sont très axés sur les annonces parues dans les journaux. Or, lorsqu’ils veulent approcher de nouveaux clients pour leur vendre des forfaits, ceux-ci sont souvent déjà sur Workopolis… gratuitement ! Dans tel cas, il est difficile pour eux de leur vendre quoi que ce soit…

3- Contrairement à Monster et à Workopolis, Jobboom ne s’aventure pas dans le marché des sections carrières pour les sites d’entreprises. Pourquoi ?

C’est un choix que nous avons fait. Nous pensons que d’autres entreprises sont mieux placées que nous pour offrir ce genre de service. Personnellement, lorsque je lance un service, j’essaie de me mettre à la place du client et j’offre un service que j’achèterais ! Ainsi, si je suis une entreprise, j’aimerais probablement faire affaire avec d’autres sites de recrutement… Si Jobboom réalise la section carrière du site de ma compagnie, je suis pris avec lui ! Pour cette raison, nous préférons travailler en collaboration avec des firmes dont c’est le métier de base. Quant à nous, nous nous concentrons sur ce dans quoi nous sommes vraiment spécialisés…

4- Que pensez-vous de l’arrivée de Salary.com au Canada, par l’entremise de Monster.ca ?

J’ai essayé de voir combien on offrait pour un président… (rires) mais ça me semblait très américain. Peut-être vont-ils l’adapter pour le Canada, éventuellement…

5- Il y a un an, Jobboom avait d’ailleurs tenté d’offrir un tel service, en collaboration avec LabourMarketInformation.com…

Par le passé, ce genre de service nous avait souvent été demandé. Nous nous étions fait approcher par LabourMarketInformation.com avec qui nous avions signé une entente. Le principe général de leurs services était le suivant : on demandait aux utilisateurs de fournir de l’information sur leurs salaires en retour de laquelle ils recevaient un rapport sur les salaires moyens pour un domaine en particulier. Malheureusement, nous n’avons pas senti un engouement très fort pour ce genre de service… nous n’y avons donc pas mis beaucoup d’efforts. En ce moment, nous sommes en train de réviser ce partenariat. Par contre, ce que nous avions fait à l’époque était assez marginal.

6- Parlez-nous de Jobboom Formation, ce nouveau service qui sera lancé en janvier 2003…

C’est notre gros projet actuellement, il s’échelonne sur un an et demi et a démarré en janvier 2002. […] Les gens ne pensent pas assez à la formation. En observant le contexte actuel, nous nous sommes posé la question : « Pourquoi ne pas faire exactement la même chose que Jobboom, mais pour le domaine de la formation ? » Lorsque l’internaute s’inscrira sur Jobboom Formation, il pourra spécifier ses objectifs, par exemple : « Devenir programmeur C++ ». Les formateurs créeront des offres de formation, selon un modèle que nous sommes en train de développer. Le site enverra, par courriel, l’offre de formation aux internautes. C’est donc le même concept que le site d’emploi, mais pour la formation. Nous pensons que cela stimulera le monde de la formation continue. Nous avons approché le gouvernement avec ce projet. Pour démarrer, nous avons indexé toutes les entreprises de formation, gratuitement. Par la suite, si celles-ci veulent faire des diffusions à travers Jobboom Formation, elles vont devoir payer. Un des gros défis pour nous a été de monter le modèle de classification. Lorsqu’un formateur arrive sur le site pour classifier sa formation, il lui faut trouver le bon bouton ! Nous lancerons une première version du site en janvier 2003, mais à partir de la fin de l’automne 2002, les formateurs pourront s’inscrire sur le site.

7- Selon vous, quelles sont les grandes tendances actuelles dans le monde du recrutement en ligne ?

Je pense qu’il y a eu un virage majeur. On a découvert que le média Internet est vraiment le média le mieux adapté pour ce genre de service. Je pense que les annonces dans les journaux vont disparaître.

8- Comment faire pour affronter la concurrence qui sévit dans le domaine du recrutement en ligne ?

Dans ce domaine, le plus important est d’être dans le top of mind. Si l’on demande à une personne dans la rue quel site d’emploi lui vient en tête spontanément, elle répondra Monster.ca ou Jobboom. Mais pour venir à bout d’un tel résultat, cela prend de gros investissements en publicité. Si Workopolis ne perce pas au Québec, c’est parce que leur publicité n’est pas adaptée au marché québécois. Je pense qu’ils n’ont pas la bonne stratégie de communication.

9- Y a-t-il trop de sites de recrutement au Québec ?

Il n’y a que 3 sites de recrutement généralistes au Québec. Je pense que c’est suffisant. À mon avis, les petits sites spécialisés sont appelés à disparaître. Pas nécessairement parce qu’ils sont mauvais ! En effet, si un employeur publie une offre d’emploi pour un rédacteur sur un site comme InfopresseJobs, il risque d’y avoir des candidats… mais s’il publie la même offre sur Jobboom.com, le nombre de candidats sera beaucoup plus important ! www.jobboom.com

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