Entrevue :
Eric Audette, directeur régional, comptes nationaux, chez ADP Canada, à Montréal.
De plus en plus d’entreprises, et particulièrement les PME, se tournent vers l’impartition. Pourquoi assiste-t-on à un tel phénomène ? Si une entreprise confie à un sous-traitant, moyennant finance, divers processus associés à ses activités, tels la gestion de la paie, c’est pour réduire ses coûts et économiser du temps. Or, ADP est un leader en la matière, c’est le plus grand fournisseur de services aux employeurs au Canada. M. Audette, pourriez-vous me présenter brièvement ADP ? En quelle année la compagnie a-t-elle été fondée ? Combien a-t-elle d’employés ? De clients ? ADP international, qui existe depuis 1949, a vécu 41 années de croissance financière, ce qui est très rare sur le marché. Ses revenus d’exploitation sont d’environ sept milliards de dollars américains. Avec 40 000 employés et 500 000 clients, l’entreprise est présente partout dans le monde, principalement en Amérique du Nord et en Europe. Elle tend actuellement à s’implanter en Europe de l’Est et au Japon. ADP Canada existe depuis 1979. Elle a plus de 37 000 clients et emploie 1 600 personnes, dont 300 travaillent au Québec. ADP traite la paie d’un employé du secteur privé sur quatre au Canada. Quels sont les produits et services offerts par ADP ? ADP offre des produits et des services d’impartition traditionnels et sur Internet. Elle propose des services de soutien opérationnel aux entreprises dans le domaine de la gestion de la paie, des ressources humaines, des heures et présences. Concrètement, en plus de fournir des logiciels et des systèmes de gestion, elle offre également à ses clients une prise en charge, qui peut être partielle ou totale, des services de gestion de la paie et des ressources humaines. Par prise en charge partielle, je veux dire que le client conserve son personnel qui utilise les applications ADP avec une équipe de support ADP. Une prise en charge totale indique qu’ADP devient le département de paie ou de ressources humaines de l’entreprise. Les trois types de solutions (gestion de la paie, des ressources humaines, des heures et présences) peuvent être utilisés indépendamment ou de façon regroupée. ADP offre depuis peu un nouveau guichet libre service aux employés dont il assure la paie. En plus de faire réaliser des économies de temps, de papier et d’argent aux employeurs, ce nouveau service en ligne permet aux employés de consulter en tout temps leur chèque de paie ou les divers formulaires fiscaux à partir du Web. Ces derniers peuvent désormais effectuer diverses opérations en ligne, telles un changement d’adresse ou de cheminement professionnel. L’ajustement des données est donc mieux adapté. Quels avantages y a-t-il à ce qu’une société impartisse? En déléguant à ADP la gestion de leurs activités non essentielles, nos clients peuvent se concentrer sur leurs activités principales. L’impartition est un outil de gestion stratégique qui se traduit par la restructuration d’une entreprise autour de sa sphère d’activités. Et en faisant affaire avec nos spécialistes, les organisations sont plus efficaces, économisent du temps et de l’argent. Elles n’ont pas besoin d’investir dans de l’équipement informatique ni de se préoccuper des mises à jour de logiciels. De plus, ADP se met continuellement à jour sur le plan légal et fiscal. La perte de contrôle des données stratégiques par une entreprise ne constitue-t-elle pas un frein à l’impartition ? Il est certain que la question est toujours abordée. Mais chaque client d’ADP reste toujours propriétaire de ses données, il y a toujours accès. Même en impartition partielle. Quant à la confidentialité des données, elle ne constitue pas un problème. On fait la paie exécutive de plusieurs très grandes corporations, principalement à cause de la confidentialité. Pourquoi ? Parce que les exécutifs ne tiennent pas à ce que les gens de la paie connaissent leur salaire. Est-il possible d’être bon dans tous les domaines, que ce soit la gestion de la paie, des RH, des heures et présences? Ou à trop vouloir en faire, ne devient-on pas moyen dans tout? Je ne pense pas que l’on puisse être bon à tous les niveaux. Par contre, les trois solutions proposées par ADP, que l’on parle de gestion de la paie, des ressources humaines, des heures et présences, se regroupent et répondent aux besoins des compagnies au Québec et au Canada. C’est pourquoi ADP est le seul sur le marché canadien à offrir les trois solutions en une. Maintenant oui, chez ADP, il y a des spécialistes de la gestion de la paie, des ressources humaines, ainsi que du temps et des présences. Comment travaillent les équipes d’ADP? ADP bâtit un partenariat avec la compagnie pour laquelle elle travaille. L’équipe d’ADP travaille main dans la main avec ses clients. Ici, on a plusieurs équipes de service qui sont assignées à des entreprises en particulier. Quand un client appelle ADP, il a toujours affaire à la même personne. On est obligé de travailler ainsi, particulièrement au niveau de la gestion de la paie, qui se fait tous les 15 jours, parce qu’en deux semaines, des changements peuvent s’opérer (nouveaux employés, licenciements…). C’est un travail de gestion de l’environnement continu. De plus, chaque entreprise est un cas unique. Il y a toujours une base qui reste la même, comme le taux de déduction d’impôts ou le taux de régie des rentes. Mais il y a toujours des particularités au niveau de chaque compagnie, comme les gains et les déductions applicables. ADP a débuté avec la gestion de la paie, le logo de la compagnie est d’ailleurs : «Tout le monde aime le jour de paie». Pensez-vous que le marché de la paie est arrivé à maturité ? Non, je ne crois pas, je pense qu’il y a encore de la place pour faire plus d’impartition au niveau de la paie. Quand on parle de paie, il y a définitivement de la place pour la paie intégrée avec les ressources humaines. Pensez-vous que l’externalisation de certaines activités ressources humaines sera croissante ? si oui lesquelles (gestion de la paie, programme de rémunération, administration des avantages-sociaux, gestion des heures et des présences, formation) ? ADP a investi plusieurs millions de dollars dans les produits de ressources humaines, principalement au niveau des solutions Web, d’accès à des applications via le Web. ADP n’aurait pas investi tant d’argent si elle ne croyait pas que la tendance est à l’impartition accrue des services de ressources humaines. A l’ère de la mondialisation, les services de traitement de la paie, par exemple, ne finiront-ils pas à long terme en Asie, comme toutes les autres activités de traitement informatique, telles le développement de logiciels, parce que les coûts de personnel sont moindres ? Non, parce qu’au niveau de la paie, on parle toujours de législation locale. On n’a pas le choix, il faut connaître l’environnement local d’où le besoin de posséder des bureaux locaux. C’est pourquoi ADP a des bureaux un peu partout dans le monde. Pour terminer, pourriez-vous me décrire votre parcours professionnel? Je suis originaire de Laval, j’ai un baccalauréat en sciences à l'Université du Québec. Après mes études, j’ai déménagé à Toronto où j’ai vécu pendant 11 ans. Là-bas, j’ai travaillé en ventes techniques, entre autres, pour Digital et Compact. Puis, il y a deux ans, j’ai joint les rangs d’ADP, ce qui m’a ramené au Québec. Le fait d’avoir travaillé avec des comptes importants en Ontario m’a permis de travailler avec des comptes nationaux au Québec.