M. André GOYETTE, directeur dotation et développement chez Alcan.
Alcan emploie 48 000 personnes dans plus de 38 pays. Ce géant de l’aluminium et de solutions d’emballage possède une organisation décentralisée. Au Québec, Alcan voulait utiliser les nouvelles technologies pour le recrutement de ses cadres mais sans créer pour autant un centre de coûts supplémentaire. La solution est venue de l’impartition qui permet aux recruteurs d’Alcan de ne se concentrer que sur les tâches à forte valeur ajoutée et de laisser à un partenaire externe la gestion et l’actualisation d’une banque de CV. Ce partenariat existe maintenant depuis cinq ans et donne d’excellents résultats.
1- Quels sont les besoins de recrutement de cadres au sein de votre compagnie au Québec ?
En 2001, nous avons recruté 86 cadres pour le Québec. C’était une année où les besoins étaient forts. En moyenne, nous intégrons chaque année entre 40 et 50 nouveaux cadres. Ce sont des ingénieurs, des comptables et des informaticiens, auxquels il faut ajouter des professionnels des ressources humaines et des communications. Ces disciplines couvrent près de 90% des embauches.
2- Quels sont les avantages de l’impartition pour vos recrutements ?
Nous voulions utiliser les avancées des nouvelles technologies, c’est-à-dire collecter les CV et se constituer une CVthèque. Une autre difficulté tenait aussi de notre structure décentralisée : former toutes les personnes en ressources humaines dans toutes nos usines au Québec aurait pris beaucoup de temps et d’argent. Synersoft, notre partenaire, prend totalement en charge pour nous : – la réception des CV – l’analyse et l’indexation des CV dans notre base de données – l’envoi des accusés de réception appropriés – l’hébergement et l’exploitation de la base de données. A ces services de base, nous avons ajouté des services complémentaires, comme la réalisation d’entrevues téléphoniques permettant de vérifier des éléments clés tels la mobilité et la disponibilité des candidats potentiels. Nous n’avons donc plus aucun CV chez nous. Ils arrivent directement chez Synersoft qui les saisit dans la banque de CV. C’est un gain de temps très important pour notre organisation. L’année dernière, ils ont traité pour nous plus de 8000 CV !
3- Comment se déroule un recrutement de cadre au sein de votre compagnie ?
C’est très simple. La personne en charge du recrutement à l’usine rédige un mandat qu’elle envoie à Synersoft. Ils effectuent une recherche dans notre base de CV et réalisent une première qualification. Les candidats retenus sont alors transmis à la personne responsable du recrutement à l’usine. S’il y a suffisamment de candidats, les entrevues débutent. S’il n’y a pas assez de candidats, nous diffusons une offre dans les journaux ou sur des sites Internet spécialisés. Synersoft reçoit les CV, vérifie s’ils répondent au profil de candidat recherché et les saisit dans notre banque de C.V. Ils renvoient alors les nouveaux CV directement au requérant à l’usine. Des tests de présélection sont également administrés. Les entrevues sont faites. Le candidat retenu est embauché sur la base d’une lettre d’offre d’emploi et les résultats de tous les autres candidats sont consignés dans notre banque par Synersoft. Le grand avantage c’est que 30 à 35% de nos recrutements de cadres l’année dernière ont été réalisés avec des candidats faisant partie de notre banque de CV. Cela entraîne une réduction de nos coûts de publication d’annonces dans les journaux. De plus, Synersoft conserve en banque tous les candidats dont le profil répond aux compétences recherchées par Alcan. C’est une économie en temps de traitement et en argent. Les chargés de recrutement dans nos usines apprécient la qualité du service commun offert par la coordonnatrice du recrutement du siège social et par Synersoft. Ils sont de plus très satisfaits de ne recevoir que de 10 à 15 CV répondant à leurs critères pour chaque recrutement.
4- Est-ce un sujet d’inquiétude que de ne plus avoir de CV chez vous ?
Pas du tout ! Nous avons effectué toutes les vérifications nécessaires. Nos équipes informatiques ont audité les services de Synersoft et ils répondent en tout point à nos exigences en matière de sécurité interne. Les sauvegardes sont réalisées régulièrement, les protections anti-virus constamment mises à jour… Que la base de données soit hébergée chez nous ou chez Synersoft, cela ne fait pas de différence. Si ce n’est des responsabilités et des problèmes en moins !
5- Quel est le prix à payer pour une solution d’impartition ?
Je ne peux vous révéler tous les détails de notre accord avec Synersoft. La tarification est établie annuellement sur la base du nombre de CV traités. Les services complémentaires comme la présélection par des entrevues téléphoniques sont facturés séparément. Par contre, je peux vous dire que nous avons considérablement réduit notre coût moyen net par embauche. Ainsi, l’année dernière, une embauche de niveau cadre nous revenait en moyenne à 3300$ tout compris : les services de Synersoft, le salaire de notre personne ressource au siège social, les coûts des tests, les frais de déplacement pour les entrevues, les annonces dans les journaux… C’est, selon nos informations, beaucoup moins que le coût moyen payé par la grande entreprise pour l’embauche de cadres professionnels.
6- Quelles évolutions sont à venir dans les prochains mois ?
Nous travaillons au développement d’une nouvelle section carrière sur le site Internet d’Alcan. Les candidats pourront remplir une partie de leur dossier de candidature. Mais ce sera court pour ne pas faire fuir les bons candidats. Nous réfléchissons également à étendre le système de l’impartition qui a bien marché au Québec à plusieurs, si ce n’est à l’ensemble, des six divisions d’Alcan. Nous allons aussi prochainement refuser les CV papier. Une note serait envoyée pour demander au candidat de retourner son CV en format électronique. Pour nos cadres, la capacité d’utiliser un ordinateur et le courrier électronique est dans tous les cas devenus indispensable !
7- Quels conseils donneriez-vous à des entreprises qui s’interrogent sur la gestion de leur CVthèque ?
Le plus important, c’est d’avoir un système simple et efficace. Avoir sa propre banque de CV permet de réduire significativement les coûts de recrutement en minimisant les efforts de recherche de bons candidats. Mais il faut pouvoir la mettre à jour et l’utiliser sans que cela engendre des coûts d’exploitation et de formation trop importants et difficiles à justifier sur une base d’affaires. Pour l’instant, l’impartition répond très bien à nos besoins, et ce, dans une structure décentralisée comme la nôtre. Nos professionnels en ressources humaines utilisent tout leur temps à des tâches à plus forte valeur ajoutée, ils ne passent pas des heures à trier des CV ou à remplir une base de CV. Chacun son métier !