Entrevue :
Jean-Pierre Fortin, Coach et fondateur de l’école Coach de gestion
1- La profession de Coach serait-elle en train de se structurer ? Il n’est pas facile aujourd’hui de trouver des gens qui font du coaching en français de façon sérieuse au Québec. La masse critique est encore trop petite pour soutenir une démarche de réglementation au Québec. Il n’est pas exclu que l’on rejoigne un ordre professionnel tel que les administrateurs agréés ou encore l’OCRI. Au Québec, il existe une section de la Fédération Internationale des coachs appelée la Fédération montréalaise des coachs. Elle regroupe présentement une quarantaine de membres. La section organise mensuellement des activités de perfectionnement et d’échanges. On estime qu’il y a environ 10 à 12000 personnes qui exercent le coaching de façon professionnelle en Amérique du Nord. La Fédération vise à réguler l’accession à la profession. On ne devrait d’ailleurs probablement pas tarder à voir apparaître les premiers textes de loi dans certains États américains visant à réglementer la profession. Il existe également une autre organisation qui tente de structurer la profession, la Worldwide Association of Business Coaches. 2- On assiste depuis bientôt 2 ans à un effet de mode envers le coaching. L’offre en matière de service de coaching s’est considérablement développée, notamment auprès des professionnels du recrutement cherchant à pallier la baisse de leur activité. Opportunisme et qualité de service font-ils bon ménage ? Il y a effectivement beaucoup plus d’amateurs sur le marché depuis ces derniers temps mais ceux-ci sont relativement faciles à identifier. Je peux comprendre que la tentation soit grande de vouloir combiner les activités… mais cela ne rejoint pas nécessairement les règles de l’art… Ce n’est pas parce qu’on a lu quelques bons bouquins sur le sujet que l’on devient coach. La profession n’étant pas régulée, il est sage de vérifier certains points avant de choisir un coach. N’importe qui aujourd’hui peut se proclamer « Coach » du jour au lendemain. En tout premier lieu, il faut vérifier quels sont les antécédents professionnels, l’expériences, la formation. 3- Le besoin de coaching émane-t-il de l’entreprise ou de l’employé ? Du client. Cela peut être l’individu lui-même… lorsque quelqu’un veut quelque chose qui sort de l’ordinaire, comme par exemple un coureur de jogging qui désirerait se préparer pour gagner une course ou encore un employé qui désirerait accéder à un poste de cadre ou un cadre qui désirerait mieux équilibrer sa vie. Cela peut être également l’entreprise… dans le cadre d’un mandat de coaching corporatif qui viserait à améliorer la performance par exemple. La façon de concevoir les affaires a radicalement changé. On ne peut plus se permettre de diriger à la manière des années 90. Les employés qualifiés sont de plus en plus sollicités. Le coaching contribue à créer un environnement de qualité favorable à un taux de rétention plus élevé et à une performance supérieure. Lorsque la demande vient de l’entreprise, le coach doit tenir compte à la fois des besoins de l’individu et de l’entreprise. L’adhésion des cadres à la démarche est absolument nécessaire. On ne coache pas des gens contre leur gré ! 4- Le coaching est-il l’apanage des cadres ? En règle générale, oui. Non pas que les employés à la base ne puissent pas en bénéficier mais le coaching est tout de même un service coûteux. Par contre, l’impact est généralement très significatif. 5- Vous proposez des programmes d’entraînement en coaching. Cela revient-il à «coacher des coachs» ? En quelque sorte oui. Nous offrons deux programmes dont l’un est destiné aux gestionnaires et l’autres à ceux qui veulent devenir coachs professionnels. D’un part, nous entraînons les gestionnaires à faire du coaching avec leurs collaborateurs. C'est un programme intégré de développement et d'amélioration des compétences en coaching. Il est destiné aux gestionnaires de tous les niveaux convaincus de la valeur de ce modèle de gestion. Nous leur permettons de développer ou améliorer des compétences-clés essentielles pour exercer un leadership mobilisateur au sein de leur organisation. D’autre part, nous avons un programme de 126 heures destiné à ceux qui veulent exercer la profession de coach soit à l’interne soit en pratique privée. Ce programme prépare à obtenir la reconnaissance professionnelle de l’International Coach Federation. 6- Le besoin de coaching de carrière de la part d’un nombre grandissant de professionnels est flagrant. Ne pensez-vous pas que ce besoin ne peut pas être objectivement pris en charge par l’entreprise ? En fait, cela dépend du degré d’autonomie de l’individu. Tout le monde n’a pas un plan de match dans la vie et beaucoup se laissent porter par les événements. D’autres savent très bien où ils veulent aller et c’est à ceux-là que le coaching apporte quelque chose. Un coach peut vous aider à atteindre un objectif spécifique mais il n’est pas la bonne personne pour définir cet objectif à atteindre. Ce travail relève plus de l’individu lui-même ou encore d’une évaluation de potentiel réalisée par un psychologue industriel. 7- Qu’est-ce qui vous a amené au coaching ? Je fais du coaching de façon plus spécifique depuis 5 ans mais ma prise de conscience des qualités de ce modèle de gestion date d’une quinzaine d’année. J’ai fait carrière en management. J’ai étudié aux HEC où le modèle traditionnel de management basé sur l’autorité, la hiérarchie et le contrôle dominait à l’époque. Je suis issu d’une famille où mon père était le chef de famille… autorité et contrôle encore une fois. J’ai donc véhiculé ce modèle pendant une vingtaine d’années… Mais ce n’est pas le modèle le plus confortable car il n’est pas vraiment naturel. Personne n’aime avoir un boss au-dessus de lui qui le domine. Avoir un rôle de facilitateur pour ses collaborateurs est déjà beaucoup plus agréable. Par contre le modèle pyramidal traditionnel domine encore fortement. Lorsque l’on pose la question aux participants à l’entraînement à propos du modèle actuellement en place dans les organisations, 90% acquiesce à l’idée que le modèle traditionnel domine encore. 8- Quels sont vos sites préférés sur le Web ? Les sites des écoles ayant des programmes adaptés, le site de l’ICF www.coachfederation.org ainsi que le site de la Worldwide association of business coaches www.wabccoaches.com. Les sites traitant également des outils d’évaluation. 9- Des résolutions pour 2003 ? Me prendre un coach. Il n’est pas évident d’équilibrer vie personnelle et vie professionnelle lorsque l’on est passionné par ce que l’on fait… que le travail devient une source de plaisir voir même de loisirs. Je trouve beaucoup plus facile de coacher mes clients que de me coacher moi-même… www.coaching.qc.ca
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