L’amour venin qui inocule les interdits enveloppés dans le « je t’aime et je sais ce qui est bon pour toi… » ce qui me fait croiser des personnes incapables de vivre leurs sentiments, qui recherchent la perle rare… celle qui conviendra à leurs parents et qui leur sera acceptable malgré tout… Des personnes qui passent leur vie à se poser des questions pour savoir, comprendre s’ils sont bien, bons et s’ils ne font pas de mal. Des personnes prisonnières, nouées à leurs géniteurs par un amour asphyxiant qui fait entre autre la fortune des compagnies de téléphone cellulaire…; divin objet qui remplace le cordon ombilical en augmentant la dose de stress… Des personnes qui passent des diplômes pour obéir, pour répondre aux attentes conscientes ou non de leurs parents.
L’amour politiquement correct qui empêche de hurler ce qu’on a sur le cœur, qui empêche de parler, d’exprimer…on ne fait pas de vague, tout est beau, tout va bien mais on garde ses émotions au fond de soi,et l’énergie créatrice qu’elles représentent… on va la dépenser dans les club de gym ou en cash dans les boutiques à la mode… L’amour normatif, celui qui fixe les règles, les façon de faire, les limites à ne pas dépasser et qui oblige l’enfant à rester enfant, à demander des autorisations pour faire, avancer, oser, vivre…Cet amour organisé avec ses habitudes, ses rendez-vous programmés, ses comptes-rendus, des comptes à rendre…qui finit un jour ou l’autre par peser lourd dans la besace de la vie. Ces amoures là sont-ils si riches, si beaux ? L’amour est à mon sens la capacité à regarder ses enfants comme des alter ego.
L’amour vrai est celui qui permet de grandir, de se dépasser, de vivre, d’être. Combien de parents retiennent-ils leurs enfants par l’amour, par un amour consciemment ou non bien ficelé, bien ordonné et à ce titre les empêchent-ils de grandir ? 10 jours sans nouvelles ? Quelle horreur pense tel parent, je souffre, mon enfant m’abandonne… il faut que je le remette dans le droit chemin…. – Il a quel âge ton enfant ? – 30 ans ? – Et si tu le laissais vivre ? – Et si tu acceptais qu’il soit adulte ? – Et si Ô toi parent, tu acceptais un mois, deux mois, trois mois sans nouvelle de lui ? – Et si tu gérais ton stress avec toi-même au lieu de le lui mettre sur le dos ? – Et si au lieu de le condamner tu l’encourageais à être capable, libre indépendant, à vivre ses émotions, ses sentiments, ses passions ? – Le monde te fait peur ? -Tu es un parent stressé ? – Tu es inquiet ? – Tu as peur ? – Toi tu n’as pas osé entreprendre, construire, aimer avec passion ? – Serais-tu jaloux ? – Ou bien es-tu si sûr de toi ? – Disposes-tu du savoir idéal qui le rendra heureux ? – Non ? –
Tu veux protéger ton enfant, lui éviter de souffrir, car tu as ton expérience… – Tu as connu des joies et des malheurs, des échecs et des succès, des bonheurs et des douleurs…et tu n’es pas mort, tu es toi grâce à tout cela. Tu es toi Ô parent et ton enfant doit devenir un adulte comme toi et même mieux que toi !!! – Oui Ô parent tu n’es pas ton enfant et le monde a besoin d’adultes pour se construire, pas d’enfants. – Notre monde social, humain, philosophique, économique, politique a besoin d’êtres construits avec des expériences de vie, des émotions vivantes, des histoires vécues. Permets-moi un petit rappel historique… L’épisode de Jésus au Temple jette un éclairage sur les relations parents enfants. « Nos enfants ne sont pas nos enfants. Ils ne nous ressemblent pas. Ils ont à trouver leur chemin qui n’est pas le nôtre ; Un jour, ils nous échapperont. Ce sera l’incompréhension et l’angoisse pour les parents.
Ceux-ci feront alors la douloureuse expérience de les perdre pour les retrouver autrement. Une rupture pour une croissance de vie toujours possible. Puis un jolie poème en synthèse… de Khalil Gibran Nos enfants ne sont pas nos enfants… Ils sont les fils et les filles De l’appel de la vie à elle-même Ils viennent à travers nous, mais non de nous Et, bien qu’ils soient avec nous, Ils ne nous appartiennent pas, Nous pouvons leur donner notre amour Mais non pas nos pensées. Nous pouvons accueillir leur corps Mais pas leurs âmes, Car leurs âmes habitent la maison de demain Que nous ne pourrons visiter Même pas dans nos rêves. Nous pouvons nous efforcer d’être comme eux Mais ne tentons pas de les faire comme nous Car la vie ne vas pas en arrière Ni ne s’attarde avec hier… En bref, et selon un proverbe africain, Nous ne pouvons donner que deux choses à nos enfants : des racines et des ailes.
Pour construire notre pays, pour développer nos entreprises, pour créer, pour philosopher, pour structurer, donner du corps, de l’âme, nous avons besoin de nos enfants et nous devons faire en sorte que nos enfants deviennent des adultes, des personnes à part entière. Nous devons les autoriser à rencontrer et à vivre des défis même si nous jugeons qu’ils sont trop difficiles pour eux. Nous pouvons les regarder aller en nous demandant si ce ne sont pas eux qui nous donnent une leçon. Nous devons apprendre à gérer nos stress et nos angoisses en les voyants agir et entreprendre. Nos enfants sont plus éveillés, plus créatifs que nous. Ils comprennent leur monde qui n’est pas le nôtre. Nous devons lâcher prise pour laisser la place à la créativité, à l’enrichissement de l’autre. Relisons les poètes grecs, les philosophes d’athènes.
Replongeons nous dans l’histoire de l’humanité et redécouvrons ce qui a permis de construire des peuples brillants, ce qui a donné naissance aux grandes civilisations ? Sortons de notre égoïsme et de nos peurs… De parent à manager… la frontière est mince et l’amour de voir grandir, d’accepter les différences et de voir s’épanouir les talents qui nous entourent devraient être notre priorité de parent… de manager ? Bonne réflexion…. Didier Reinach est Directeur Général d’InterQualia, Conférencier et Conseiller en entreprises. Il intervient en développement de la performance, en stratégie et en communication. Formateur, il a créé de nombreux stages en communication, management et créativité. Il est le co-auteur du livre « Les fabuleuses Richesses Économiques du Cerveau » paru aux Éditions Emergence à Montréal-1997.