Y : Portrait d’une génération
On en entend de plus en plus parler. Pourtant, la plupart d’entre-nous est incapable de dire qui ils sont vraiment. Les spécialistes prédisent qu’ils bouleverseront nos habitudes, nos valeurs et notre conception du travail, tout comme l’ont fait les Baby-Boomers avant eux. Mais qui sont ils ? Portrait d’une nouvelle génération.
On les désigne à la fois comme la génération Y, la génération du Millénaire, les Vélos ou les Echo Boomers. Plus simplement, ils sont les enfants des baby-boomers ou, pour les plus jeunes, les enfants de la génération X. Nés entre 1979 et 1994 (tous ne s’entendent pas sur ces dates), ils sont presque 6 millions au Canada et représentent l’augmentation la plus significative des naissances depuis le baby-boom.
L’environnement particulier dans lequel ces enfants ont été élevés a donné une couleur particulière à leurs valeurs et à leur façon d’être. Élevés, dans 75 % des cas, dans des familles reconstituées ou monoparentales, ils n’acceptent pas, comme leurs parents, de sacrifier leur vie personnelle pour leur carrière. Ils recherchent plutôt un rythme de vie équilibré et font leurs choix en ce sens. Cela ne veut pas pour autant dire qu’ils sont pressés de se marier et de fonder une famille ! Au contraire ! Ils restent plutôt chez leurs parents le plus longtemps possible, étudient, voyagent, magasinent, sortent et carburent au techno. Plus dépensiers que leurs parents (3 jeunes sur 4 proviennent de famille à double revenu), les jeunes ont aussi plus d’argent dans leurs poches. On prévoit qu’ils dépenseront plus de dix milliards de dollars dans leur vie. Bref, la Génération Y est consommatrice d’expériences. Elle veut toucher à tout et tout essayer. Selon une étude, 58% des jeunes âgés entre 15 et 30 ans croient que « dans la vie, il faut toucher à tout, sans tabou, pour faire son expérience. » Pour eux, donc, cohabitation, ménages à deux ou à trois, couples de même sexe ou de couleur différente constituent autant de façons de vivre. Ouverts à la diversité ethnique, ils le sont également. Comment peuvent-ils faire autrement alors que dans leur génération, un membre sur trois n’est pas de race blanche ?
En matière de technologies, alors que leurs parents tentent toujours de maîtriser Windows 98, les jeunes de la génération Y sont carrément érudits dans ce domaine. Et même si leurs connaissances informatiques en impressionnent plusieurs, elles n’ont pourtant rien d’illogique. Ces jeunes ont grandi entouré d’ordinateurs, naviguant sur internet et autres réseaux virtuels, clavardant, discutant au téléphone cellulaire, téléchargeant de la musique et zappant d’une chaîne spécialisée à une autre. Résultat : le monde virtuel est le leur et ils sont exigeants en ce sens : seuls les logiciels les plus performants et les ordinateurs les plus rapides sauront les satisfaire. Parlant de rapidité, cette dernière teinte elle aussi à sa façon le mode de vie de la Génération Y : restauration rapide, repas-minute, rapidité de communication, rapidité d’accès à l’information, etc. Bref, ces jeunes vivent dans l’immédiat. Quand ils désirent quelque chose, c’est tout de suite. Et sur le marché du travail, c’est la même chose ; ils souhaitent progresser rapidement. Ce souhait est d’ailleurs à l’origine d’un des paradoxes de la Génération Y : parallèlement à leur désir de progresser rapidement, ils tiennent à garder l’équilibre entre leurs engagements professionnels et familiaux. Ils s’attendent à ce que leurs patrons soient compréhensifs et sensibles à leurs conditions de vie et souhaitent qu’ils tiennent compte de leurs besoins personnels. Bref, la génération Y désire des conditions de travail sur mesure : horaires flexibles, formation continue, année sabbatique, congés familiaux, garderie en milieu de travail, liberté et, surtout, autonomie. Demander autant, ça ne s’est jamais vu.
Ces jeunes, aujourd’hui étudiants ou nouvellement sur le marché du travail, sont nos futurs collègues et dirigeants. Bien qu’ils soient profondément différents de la génération X, ils sont également les plus instruits sur lesquels le marché du travail aura pu compter au cours de son histoire, ce qui constitue en soit une bonne nouvelle. Ils sont également d’excellents joueurs d’équipes et recherchent l’authenticité.
Doucement, cette nouvelle génération s’insère dans le marché du travail. « Voyez la comme un petit groupe tranquille qui s’apprête à tout changer », a dit Edward Winter, du groupe U30, une firme spécialisée dans le marketing s’adressant aux jeunes de moins de 30 ans. Le mot est lancé. Attendons-nous à du CHANGEMENT.