Indice Jobboom vs Indice de l’offre d’emploi Stat Can

Le 11 mars dernier, Jobboom annonçait la création de l’indice Jobboom afin de prédire pour un mois en cours «la force de l’emploi au Québec». Bien que la méthode de calcul ne fut pas suffisamment détaillé pour pouvoir en comprendre tous les rouages et que cet indice est basé lui-même sur des données provenant de Stat Can, il n’en demeure pas moins que l’indice Jobboom a le mérite de mettre au grand jour les lacunes de l’indice de l’offre d’emploi de Statistique Canada (Stat Can) et d’offrir une alternative intéressante. L’indice Jobboom est probablement plus représentatif de « la force de l’emploi », il suffit de lire « Énoncés de qualité » de l’enquête sur l’indice de l’offre d’emploi de Stat Can pour s’en convaincre. Pour le Québec par exemple, seuls Le Soleil, La Tribune, The Gazette, La Presse, Le Droit, The Citizen sont pris en considération.

Le Journal de Montréal, ayant pourtant un nombre non négligeable d’offres d’emploi, n’est tout simplement pas pris en considération ! Par ailleurs, seul les sections « annonces classées » sont prises en considération, c’est à dire que la section carrière et profession de La Presse est tout bonnement ignorée dans le calcul ! Aucun dédoublement n’est effectué, une offre d’emploi qui se trouve en français dans La Presse et en anglais dans The Gazette est comptabilisée deux fois. Une annonce comportant 15 postes (comme celles des agences de placements) compte pour une seule offre ! L’indice de Stat Can n’a pas la prétention de donner le nombre exact d’offres d’emploi disponibles sur le marché mais seulement de donner la variation dans le temps par rapport à une année de base. L’année de base prise en considération par Stat Can est 1996. 1996 est également l’année ou l’on a commencé à voir arriver les sites Internet d’emploi.

L’indice de Stat Can ignore donc depuis maintenant 7 ans dans sa méthode de calcul de l’indice de l’offres d’emploi l’érosion continuelle de part de marché des offres d’emploi dans la presse écrite au profit des sites Internet d’emploi. Compte tenu de sa part de marché au Québec le nombre de poste affiché sur Jobboom est déjà à lui seul un bon indicateur de “la force de l’emploi au Québec” à un moment donné, nul besoin de calcul complexe pour obtenir ce chiffre. Tous ces indices cherchant à mesurer la demande de main-d’oeuvre peuvent être au beau fixe avec une situation de l’emploi déplorable puisque ceux-ci ne tiennent pas compte de l’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi. Il n’y a pas de mesure parfaite en économie… L’indice Jobboom pour sa première sortie prévoyait que la situation de l’emploi en mars 2002 serait la meilleure des dix dernières années pour le Québec. L’indice de l’offre d’emploi de Stat Can pour mars publié le 4 avril 2002 (Stat Can ne fait jamais de projection) a annoncé une embellie de son indice de 1.6% pour l’ensemble du Canada (première hausse en 18 mois !) mais est demeuré inchangé à 119 pour le Québec. Qui croire ? L’indice Jobboom avec le meilleur mois depuis les dix dernières années ou l’indice Stat Can qui nous rappelle tout de même que l’indice national de l’offre d’emploi a chuté de 25,0 % par rapport à mars 2001. Pour finir, comment vont réagir tous ceux qui ont perdu leur emploi le mois dernier et à qui ont met bien en évidence que la situation de l’emploi n’a jamais été aussi bonne ? Il n’y a pas de mesure parfaite en économie mais l’indice de l’offre d’emploi de Stat Can a le mérite de la discrétion.

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