Donner la possibilité à des candidats de poser des questions au sujet du recrutement en ligne est riche d’enseignement sur les interrogations des candidats internautes… L’association pour l’emploi des cadres (Apec) en France a organisé le 19 mai dernier un clavardage sur le e-recrutement. Ce n’est pas tant les réponses des trois experts qui sont riches d’enseignement mais plutôt les questions des candidats qui correspondent à des préoccupations tout à fait légitimes.
– Combien de fois par mois mettez-vous les offres d'emploi à jour ? – La durée d'un recrutement est-elle plus courte grâce à Internet ? – Je suis en poste, je pose mon CV en ligne mais je ne veux pas que mon employeur en soit informé. Comment en être sûre ? – On dit que le Web est plus rapide, mais paradoxalement sur certains sites, on me demande de remplir un CV. Cela peut durer 30 à 45mn ? N'est-ce pas un frein ? – Je trouve que les formulaires pré-formatés lissent les originalités des candidats. Comment réussir à se démarquer ? Ça peut être pénalisant pour certains profils… – Est-ce que vous accordez la même valeur à un Cv qui est sur une cvthèque ou bien un CV qu'on vous a adressé par mail ?Est-ce que cvthèque rime avec "cimetière de candidatures" ? Voilà le genre de questions que l’on se pose lorsque l’on est de l’autre côté de la barrière.
Ces questions nuiront au développement du recrutement en ligne tant qu’elles se poseront. N’est-il pas légitime qu’un candidat se demande, après 25 minutes passées à remplir un formulaire d’application en ligne s’il ne perd pas son temps ? Une chose est certaine en tous cas : les entreprises qui déportent sur le candidat le temps de saisie d’un cv dans une banque de candidatures prennent le risque de se couper d’une certaine catégorie de candidats… ceux qui sont en poste, ceux qui ont du talent, ceux qui sont trop passionnés par ce qu'ils font, ceux qui n'ont pas 1/2 heure à investir à chaque fois qu'ils aperçoivent une opportunité qui pique leur curiosité.
Il y a pourtant beaucoup de candidatures impulsives ou sollicitées qui mènent à des recrutements… En prenant une moyenne de 30 minutes pour déposer son CV, une entreprise qui reçoit 500 CV par mois signifie que 500 personnes ont passé un total de 250 heures à saisir leurs informations. Si cette entreprise utilise 10% des cvs qu’elle reçoit, 450 personnes ont donc perdu 225 heures de leur temps. L'heure/candidat ne coûte rien à l'entreprise… sauf peut-être le gaspillage de 90% de bande passante, d’espace disque et de capacité de traitement informatique. La candidature par courriel avec un CV Word attaché est de loin la formule préférée des candidats. Une technicienne RH qui passe 30 secondes par CV pour juger de la pertinence de conserver ou non le cv (Word étant déjà ouvert) passera un peu plus de 4 heures par mois pour passer à travers « la pile » des 500 cvs et faire « 2 piles » (conserver/ne pas conserver).
Seuls les candidats faisant partie de la bonne pile devraient être invités à venir saisir leur dossier dans un tel système. Un contrôle à l’entrée de votre vivier de talents permet de contenir la taille de celui-ci et de ne pas le « polluer/diluer » avec des candidatures qui ne vous serviront jamais. L'heure/candidat ne coûte rien à l'entreprise, soit… Mais le temps d’une technicienne RH a-t-il plus de valeur que toutes les candidatures manquées en raison d’un mode de dépôt de candidatures unique, long et fastidieux ? C’est sans compter qu’au niveau image employeur… cela fait un peu rempart ou forteresse, vous ne trouvez pas ?