Un des rapports sociaux qui mérite notre attention est sans conteste celui que nous avons avec le travail, sa teneur, et ses enjeux. Pour illustrer celui-ci, et tracer un parallèle avec nos jours, jetons un regard curieux sur l’époque de la Renaissance, et parlons de l’intendant Vatel, qui a fait son apprentissage de pâtissier chez son parrain, il baigne alors dans la culture du compagnonnage, celle du dix septième siècle.
Avant l’âge de 40 ans, Vatel s’illustre comme maître d’hôtel du surintendant Nicolas Fouquet, ministre des finances de Louis XlV. Puis, il a l’honneur de préparer le banquet de réception du roi Louis XlV, dans le superbe château de Chantilly. Vatel, sous le contrôle éloigné du maître, choisissait tous les employés pour la cuisine et le service. Il contrôlait l’achat des biens et des ingrédients, en soit des sommes d’argent colossales. Il nous est possible de dire que Vatel connaissait l’exercice du pouvoir, et qu’il était digne de confiance.
Vatel avait une personnalité pour présider à de grandes œuvres et bien qu’il semble avoir toujours réservé « son art » aux grands de ce monde, il a toujours su s’entourer de gens de métier, apprentis, compagnons et maîtres, qui partagèrent avec lui le même honneur du travail bien accompli. Lui-même ne put supporter l’affront de manquer à ses engagements et bien qu’il ne fût pas directement responsable du retard des produits de la mer, il se savait sans compromission, le responsable de la finalité de l’œuvre. La marée arriva finalement avec ses produits, et bien que Vatel fut mort par suicide, le banquet fut préparé en grande cérémonie, par mille mains expertes et ainsi la fête eu lieu avec spectacle et feux d’artifices.
Est-il possible que Vatel ait confondu honneur avec vanité ? Aussi, que dire de la relation que Vatel entretenait avec son travail ? Il semble que le geste de Vatel soit devenu mythique au cours des temps, et on se sert encore de son nom, pour souligner le courage, lors de célébration dans de grandes écoles gastronomiques.
Que dirions-nous aujourd’hui de notre relation avec le travail? Quels sont les éléments qui priment? Ou trouve-t-on notre motivation? Est-ce dans l’amour du métier, dans la richesse, le prestige, l’éthique, l’ambition, le pouvoir, l’égo ? Parle-t-on encore d’honneur, de courage et d’étiquette de nos jours, et quand est-il de l’art dans le travail? Vatel en tant que dirigeant nous ressemblait-il ? Quand était-il de ses ambitions et de ses motivations ? Que dire de la raison de son geste? En quoi notre époque est-elle différente de la sienne? Comment, de nos jours, gérons-nous les échecs, notre responsabilité ou notre impunité face à ceux-ci ? Quand est-il de la notion de finalité et qui en est responsable?
Joseph Anstett, CRHA, ACC Vice-Président, Gestion de carrière et Coach chez Optimum Talent
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