« La formation, c’est comme un film », Gilles Chamberland

« La formation, c’est comme un film », Gilles Chamberland

Expert des questions de formation et de pédagogie et dirigeant du cabinet Chamberland Services-Conseils, Gilles Chamberland dispense pour l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) une formation sur le thème "Concevoir des activités de formation captivantes et performantes".

Quel est le but de cette formation ?

Il s’agit de donner des pistes aux personnes qui conçoivent et dispensent des formations pour leur permettre de répondre à deux critères : être efficaces, et intéresser les apprenants. À l’heure actuelle, de nombreuses personnes ont un domaine d’expertise dont elles maîtrisent parfaitement le contenu. Le problème c’est qu’elles ne possèdent pas le bagage pédagogique pour le transmettre. Il y a donc un besoin sur le marché pour des conseils portant sur l’élaboration d’une formation de façon à atteindre le but fixé, à savoir la mémorisation des informations importantes.

Y a-t-il des astuces pour rendre une formation intéressante ?

Tout commence avec le formateur. Selon moi, il en existe trois types. Tout d’abord, le conteur, qui se contente de livrer un contenu. Son exposé peut-être intéressant parce que la matière l’est, mais la méthode est de nature mécanique. Malheureusement, c’est ainsi que se déroulent de nombreuses formation aujourd’hui. Ensuite, le chanteur. Il habille le contenu, le module, le fait vivre. Enfin, le danseur, l’idéal auquel tout formateur devrait aspirer. Il s’ajuste, adapte sa façon d’enseigner en fonction du public, et réagit aux énergies qu’il a face à lui.

Concrètement, comment cela se traduit-il ?

En tout premier lieu, le formateur doit demander aux apprenants ce qu’ils attendent de la formation. Le principe est simple : « vous voulez savoir telle ou telle chose en particulier ? Cela tombe bien, c’est ce que je vais aborder en deuxième partie ». C’est la garantie de provoquer un intérêt.

La variété constitue également un ingrédient clé. Il faut alterner les formules pédagogiques. Au bout de vingt minutes de discours, l’attention des spectateurs commencent à s’atténuer. C’est le moment d’interagir avec eux, par exemple en leur demandant quel genre de situations ils ont rencontrées dans leur parcours professionnel, comment ils les ont gérées, et en leur expliquant ce qu’ils auraient pu faire différemment. On peut aussi imaginer une mise en situation. Pour la même raison, il faut essayer d’être concis.

Le dernier élément phare est le rythme. La formation, c’est comme un film : le réalisateur doit attirer le spectateur au début et le marquer à la fin. Mais tout au long du processus, il doit aussi y avoir des temps forts dont les spectateurs vont se souvenir. Il est donc primordial de bien analyser le message que l’on veut faire passer, afin d’organiser ces temps forts en fonction de ce qui doit être mémorisé. L’objectif étant qu’à l’issue de la formation, les apprenants soient capables, en une minute, de redonner les points clés abordés par le formateur.

Comment faciliter la mémorisation ?

Il existe plusieurs astuces. On peut utiliser un acronyme qui aide à se souvenir des points-clés. Par exemple, quand on parle de la méthode des objectifs Spécifiques, Mesurables, Accessibles, Réalistes et Temporels, on la résume par le terme SMART.

Une autre technique qui a fait ses preuves pour aider les apprenants à se souvenir sur le long terme est la répétition. Le problème est qu’elle engendre aussi l’ennui. La première fois que je dis quelque chose à quelqu’un, il approuve. La deuxième fois, il commence à être agacé, et à la troisième, il se demande si je le prends pour un idiot. Pour éviter cela, il faut alterner les méthodes pour délivrer le message. Par exemple, on commence par un exposé classique, puis on fait appliquer les principes dans un jeu de type simulation, et enfin on effectue un débriefing pour voir quelles erreurs ont été commises et ce qui a été bien compris. De cette façon, le message est aussi répété trois fois, mais sans entraîner l’ennui ou l’énervement.

Gilles Chamberland est également l’auteur de deux livres édités par les Presses de l’Université du Québec : "Jeu, simulation et jeu de rôle" et "20 formules pédagogiques".

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