Plus de 5500 cadres venant de 109 pays ont répondu au questionnaire du Boston Consulting Group (BCG) et de la World Federation of People Management Associations (WFPMA). Une enquête présentée en exclusivité lors du 13ème congrès mondial des ressources humaines, RH sans limites.
Exit la gestion des coûts de main d’œuvre, la restructuration des organisations ou encore la mise en place d’un équilibre entre vie professionnelle et privée. Ces thématiques, jugées très importantes par les professionnels RH dans le rapport du BCG et de la WFPMA de 2008, ont perdu de leur force après le passage du tsunami nommé crise économique. « Par contre, les thématiques liées à la gestion des talents, à l’amélioration du leadership, à la planification stratégique de la force de travail ainsi qu’à l’engagement des employés sont perçues comme essentielles pour le présent et les années à venir », indique Jean-Michel Caye, directeur Associé du BCG au bureau de Paris et co-auteur du rapport « Creating People Advantage 2010 : How companies can adapt their HR practices for volatile times ».
Une même vision des problématiques cruciales
Parallèlement aux questionnaires envoyés à des milliers de cadres, le BCG et la WFMPA ont mené des entrevues auprès de 153 dirigeants d’entreprises. Si les cadres et dirigeants canadiens ont été les plus prompts à participer, avec 10% des réponses mondiales à leur actif, la majorité des pays sont repris dans l’enquête, de l’Argentine à l’Ouganda en passant par l’Afghanistan. Et il est étonnant de constater que, même s’ils ont vécu la crise différemment, tous ou presque ont intégré ces nouvelles thématiques liées à l’engagement, à la gestion des talents et au leadership dans le top 5 de leurs priorités RH.
Une pénurie de leaders?
Autre résultat majeur : les entreprises manquent de leaders pour les années à venir et ont tendance à les recruter à l’extérieur plutôt que de miser sur la progression des talents intra-muros. En effet, 56% des cadres interrogés évoquent une pénurie de talents pour les seniors managers de demain. Ils estiment également que 44% de leurs middle managers, 48% de leurs seniors managers et 52% de leurs dirigeants sont recrutés à l’extérieur de l’entreprise. Enfin, la gent féminine fait pâle figure en termes de relève puisque 44% des entreprises interrogées disposent de moins de 10% de femmes dans leur réservoir de talents.
La nécessité d’une stratégie de management
Alors quelles sont les leçons à tirer de ces résultats ? Elles tiennent apparemment en une formule : développer une véritable stratégie de développement des talents. C’est en effet ce que recommande le rapport pour permettre l’évolution en interne des leaders de demain et ainsi favoriser un plus grand engagement des employés. Mais il y a encore du pain sur la planche: aujourd’hui, seules 6% des entreprises affirment avoir développé une telle stratégie pour recruter et retenir leurs talents dans les fonctions les plus enclines à connaître une pénurie. « Nous devons absolument aller vers une approche plus stratégique et systématique dans le management des talents », conclut Jean-Michel Caye.