En Amérique du Nord anglophone, en France et au Québec, culture d’entreprise et localisation géographique ont une incidence sur les pratiques de reconnaissance au travail et les obstacles qu’elles rencontrent. Dévoilé lors du Congrès RH sans limites, ce constat est le fruit de l’étude menée par le spécialiste Christophe Laval
70 % des répondants en Amérique du Nord anglophone affirment que leur entreprise favorise la reconnaissance au travail. Le chiffre tombe à 45 % pour le Québec et à 33 % pour la France. « La première constatation est que quel que soit l’endroit, même lorsqu’une politique de reconnaissance est mise en place, il n’y a pas d’objectifs clairs qui soient fixés », révèle Christophe Laval, fondateur du cabinet conseil VPHR (Vision Performance Humain Reconnaissance). Son étude se base sur quatre types de reconnaissances :
• La reconnaissance existentielle, qui valorise la personne et son savoir-être. Elle se traduit par des efforts de communication ainsi que des détails tels que saluer les employés à leur arrivée, prendre de leurs nouvelles, leur accorder de l’attention… Elle semble être la moins représentée au sein des entreprises.
• La reconnaissance des pratiques de travail quant à elle met l’accent sur les compétences. La rétribution est symbolique : elle consiste en une appréciation des supérieurs et des collègues lorsqu’un employé a particulièrement bien accompli une tâche.
• Existe aussi la reconnaissance sur l’investissement dans le travail, qui récompense les efforts fournis. Par exemple, si une équipe de commerciaux travaille d’arrache-pied sur un appel d’offres mais ne le décroche pas malgré ses efforts, il est recommandé de les encourager plutôt que de les réprimander.
• Et enfin, la plus évidente et la plus ancrée dans les mœurs : la reconnaissance aux résultats, qui se traduit souvent par une rétribution financière ou l’attribution d’un prix ou d’une récompense.
Des obstacles et pratiques différents
« Il y a énormément de différences entre le Québec et l’Amérique du Nord anglophone, alors qu’il existe des similitudes entre le Québec et la France. » Les trois zones se distinguent par les obstacles qui se dressent devant la reconnaissance au travail. Dans la province francophone, c’est la crainte de favoriser des rivalités entre les employés qui freine les décideurs. Dans le reste du Canada et aux États-Unis, le désir d’être équitable est cité comme obstacle. Enfin, chez les Français, la peur de susciter chez les salariés des atteintes irréalistes que l’entreprise ne pourra ensuite satisfaire est mise en avant.
La France est très axée sur la reconnaissance financière, à base de primes exceptionnelles et d’augmentations des revenus. Pour l’Amérique du Nord anglophone, les cérémonies ou événements de type remise de récompenses sont très valorisés. Le Québec prend le meilleur des deux mondes, avec 43 % des répondants qui accordent de l’importance à la reconnaissance financière et 52 % aux cérémonies et événements.
Cultures d’entreprise et valeurs
« Les cultures d’entreprise sont réparties en quatre groupes : clan, adhocratie, hiérarchie et marché. » En valorisant respectivement le travail d’équipe et la créativité, les deux premiers types sont favorables au développement d’une reconnaissance au travail. Les deux derniers, mettant l’accent, l’un sur les procédures, et l’autre sur la performance économique, encourage moins les pratiques de reconnaissance, en particulier basées sur l’existentiel.
Des effets positifs
Les collaborateurs doivent sentir l’authenticité des pratiques de reconnaissance : il ne faut pas qu’ils aient l’impression qu’elles sont mises en place uniquement pour les pousser au maximum. Elles doivent s’intégrer à la culture d’entreprise et ne pas sembler forcées, les résultats se feront alors sentir. En effet, comme l’explique Christophe Laval, « instaurer une politique de reconnaissance honnête et efficace permet d’améliorer les performances de l’entreprise sur plusieurs points. » Chute de l’absentéisme et du turn-over, meilleur climat social, diminution du nombre de situations conflictuelles, augmentation de l’attractivité de l’entreprise… Tout cela entraîne une hausse de la productivité ainsi qu’un meilleur taux de satisfaction clientèle.