La solvabilité des régimes de retraite en recul en 2014

C’est la première fois en trois ans que le taux de solvabilité des régimes de retraite à prestations déterminées affiche une baisse, d’après la firme Aon Hewitt. Au 31 décembre, le taux s’élevait à 90,6%, soit 2,7 points de moins qu’un an plus tôt. 2014 avait pourtant bien commencé…

 

Au début de l’été, de nombreux observateurs promettaient des régimes de retraite plutôt en santé pour 2014 au Canada. Les marchés boursiers s’envolaient, les taux d’intérêt étaient en hausse, à tel point que plusieurs régimes de retraite étaient presque capitalisés. Le reste de l’année n’a pas suivi la même courbe. Les spécialistes s’accordent à dire que la baisse des taux d’intérêt à long terme vécue sur la deuxième moitié de l’année a été spectaculaire, rarissime. D’après la note du cabinet Mercer, ils se sont rapprochés « de nouveau, à la mi-décembre, des plus bas niveaux des 60 dernières années atteints au milieu de 2012. » L’explication se trouve en partie dans la détente monétaire opérée en Europe et au Japon au cours de l’année 2014.

 

Des régimes de retraite fragilisés

 

La solvabilité des régimes de retraite à prestations déterminées* en a subi les contrecoups. La valeur des engagements des régimes envers leurs participants actifs et les retraités a augmenté beaucoup plus vite que la croissance de l’actif. Au dernier jour de décembre, le taux de solvabilité calculé par Aon Hewitt (sur un échantillon de 449 régimes de retraite à prestations déterminées publics, semi-publics et privés) s’élevait à 90,6%, soit 2,7 points de moins qu’en décembre 2013.

 

Cela veut dire que si le promoteur d’un de ces régimes venait à faire faillite, la rente promise au retraité présent ou futur équivaudrait à 90,6% de sa valeur, jusqu’à la fin de sa vie. « La performance des régimes à prestations déterminées au Canada en 2014 illustre la rapidité avec laquelle le paysage de la solvabilité peut changer en réponse à la volatilité des marchés financiers, fait remarquer Claude Lockhead, associé exécutif chez Aon Hewitt. Les régimes qui sont demeurés exposés aux taux d’intérêt ont subi une véritable raclée en 2014. »

 

Des cotisations d’équilibre en hausse

 

Autre signe de fragilité recueilli par Aon Hewitt : 18,5% des régimes étudiés étaient plus qu’entièrement capitalisés à la fin de l’année, comparativement à 23% au trimestre précédent et à 26% à la fin 2013. Avec un niveau de solvabilité plus faible, bon nombre de promoteurs devront faire face à des cotisations d’équilibre beaucoup plus importantes en 2015 pour contrer le déficit de leur régime.

 

Cette détérioration de l’état de santé des régimes de retraite n’augure rien de bon, alors que l’institut canadien des actuaires s’apprête à adopter une nouvelle table de mortalité prenant en compte l’allongement de l’espérance de vie. Une adoption qui devrait avoir pour effet une nouvelle augmentation des cotisations aux régimes de retraite.

 

* Rappelons que dans un régime de retraite à prestations déterminées, l’employeur est responsable de la solvabilité du régime. Il s’engage à verser à ses participants retraités un revenu calculé sur la base du nombre d’années de service et sur un pourcentage du salaire. Il se différencie ainsi du régime de retraite à cotisation déterminée dans lequel l’employeur et l’employé cotisent tous les deux, sur une base déterminée à l’avance. Mais le montant de la rente, lui, est calculé selon le rendement de la caisse de retraite. Il n’est pas fixé à l’avance.

 

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