Le ministre de l'Emploi et du Développement social, Jason Kenney, s’est rendu en Europe au début du mois de mars. Objectif de ce voyage : analyser les systèmes de formation, basés sur les compétences, mis en place par l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Retour sur les enseignements d’une visite qui pourraient bien trouver une application au Canada.
Le ministre Kenney, accompagné de représentants provinciaux, chefs d’entreprise, responsables de l’éducation, de la formation et de syndicats, s’est envolé pour une visite de six jours afin d’appréhender les systèmes de formation mis en place dans les deux pays. Première étape sur la feuille de route de la délégation canadienne, l’Allemagne qui possède le marché de l’emploi le plus dynamique de l’Union européenne avec un chômage des jeunes de 7,8% contre 23,3% en moyenne sur le Vieux Continent. Les membres de la délégation ont notamment visité l'usine de Stihl, l'université de formation en alternance du Baden-Württemberg à Düsseldorf, ainsi que le centre de formation Siemens à Berlin. Ils ont pu ainsi recueillir les retours d’expérience des entrepreneurs et des étudiants participant au dispositif de l’alternance. Ce modèle dual qui permet aux jeunes de suivre des cours théoriques dans un établissement de formation et de les mettre en pratique au sein d’une entreprise, leur donne à la fois l’opportunité d’acquérir une expérience de travail et celle d’être formés à un métier en tension correspondant aux besoins du marché de l’emploi allemand.
Un dispositif novateur et exemplaire
Au terme de cette première visite, le ministre Kenney a qualifié le système allemand de « novateur » et a indiqué avoir examiné « la manière dont on pourrait appliquer ces pratiques exemplaires internationales au Canada pour créer des emplois et des possibilités ». Il a ajouté que les Canadiens avaient beaucoup à apprendre du système d’apprentissage instauré par les Allemands. Selon lui, les entreprises canadiennes doivent beaucoup plus investir dans la formation des jeunes, notamment pour combler la pénurie de compétences. Le système éducatif canadien doit également collaborer plus étroitement avec le monde de l’entreprise. Les jeunes doivent aussi être mieux informés des dispositifs d’apprentissage existant dans les différentes provinces. En outre, des cofinancements de formation dans le post-secondaire sont à envisager de la part des gouvernements provinciaux. Enfin, les lycées professionnels devraient être repensés dans leur ensemble.
Les améliorations du système anglais
La délégation canadienne s’est ensuite envolée pour la Grande-Bretagne afin d’y observer les perfectionnements apportés au système de formation britannique. Elle y a notamment rencontré Doug Richard, chargé par le gouvernement anglais de réformer le dispositif d’apprentissage afin qu’il réponde aux demandes des employeurs. Elle a également échangé avec les membres de la Commission pour l’Emploi et les Compétences (UK Commission for Employment and Skills) représentant des entreprises de différents secteurs et des syndicats ouvriers. Enfin, elle a pu recueillir les impressions des apprentis du collège d'enseignement complémentaire de Wembley et de la British Airport Authority Academy de l'aéroport Heathrow qui bénéficient d’un programme d’apprentissage de quatre ans les formant aux métiers de techniciens en électricité, en mécanique ou en électronique.
Une formation axée sur les compétences
De retour au pays, le ministre de l’Emploi a rappelé que le « gouvernement est déterminé à s'assurer que les Canadiens reçoivent la formation axée sur les compétences dont ils ont besoin pour trouver un emploi bien rémunéré partout au pays ». Une urgence si l’on en croit Skills/Compétences Canada, puisque le besoin de main d’œuvre spécialisée devrait atteindre le million en 2020 au Canada. Le Plan d'action économique de 2014 prévoit néanmoins plusieurs mesures visant à assurer que la formation corresponde aux besoins du marché du travail et que les Canadiens disposent des compétences nécessaires pour postuler aux offres d'emploi. Rappelons que le prêt canadien aux apprentis leur offre des prêts sans intérêt de 4 000 $ à condition qu’ils soient inscrits en formation dans un métier désigné Sceau rouge. Enfin, le gouvernement fédéral planche sur la création de la Subvention canadienne pour l'emploi, qui permettrait alors aux employeurs de participer davantage à la formation professionnelle.