Si elle n’est pas toujours facile à formuler, la critique, lorsqu’elle est constructive, permet à vos collègues de connaître les aspects de leur travail qu’ils pourraient améliorer. Pour une critique constructive, les mots-clés sont confiance, préparation et collaboration.
« Il n’y a pas assez de rétroaction en entreprise, alors que les employés meurent d’envie d’en avoir », lance Laure Cohen, coach de gestion et fondatrice de SmartCoaching. Si les retours positifs sont souvent plus faciles à formuler que les négatifs, ils n’en restent pas moins très importants. Pourtant, le manque de temps ou la peur de la confrontation empêchent parfois de faire des remarques à ses collègues. Quelles sont les conditions gagnantes pour exprimer une critique constructive ?
Instaurer un climat de confiance
Pour Laure Cohen, quelle que soit l’approche que l’on adoptera, le climat de confiance est la pierre angulaire de la critique constructive. « Lors d’une rétroaction, les interlocuteurs sont souvent sur la défensive. Il s’agit d’un signe que le climat de confiance n’a pas été installé pour permettre de parler librement d’une amélioration », explique la coach. Pour y arriver, il est nécessaire d’avoir établi un sentiment de sécurité, de cohésion et de complicité.
Par ailleurs, l’atmosphère de la conversation jouera un rôle essentiel. Parfois, dans la hâte de régler les problèmes, on s’empressera de lancer un « Viens dans mon bureau, j’ai deux mots à te dire ! » Pourtant, pour exprimer une critique constructive, l’entrée en matière compte pour beaucoup… Laure Cohen suggère quelques questions à poser à son interlocuteur avant d’entrer dans le vif du sujet : es-tu prêt à recevoir des commentaires ? Es-tu prêt à en parler ? Quel serait le bon moment pour en discuter ?
Bien se préparer
« On ne donne pas une rétroaction à chaud, il y a un recul à prendre », note la coach, insistant sur la préparation qui est la clé d’une discussion avec critique constructive. Prendre le temps de réfléchir à ce que l’on dira est essentiel afin de bien formuler ses pensées et de ne pas s’emporter. « Il faut utiliser des mots précis, ne pas tourner autour du pot », ajoute-t-elle. Sans nécessairement écrire un discours à l’avance, l’idéal est d’avoir une intention claire avant l’échange.
Quant à la technique connue du « sandwich », qui consiste à placer sa critique entre deux remarques positives, Laure Cohen estime qu’elle est trop simpliste. Toutefois, elle reconnaît que chercher des éléments positifs est nécessaire pour formuler une bonne critique : « Trouver les choses qui vont bien permet de contrebalancer son jugement négatif. »
Collaboration et feedforward
Inutile de critiquer pour critiquer. Le but doit toujours être de chercher une façon d’améliorer la situation. « Et la rétroaction, c’est du codéveloppement, ajoute Laure Cohen. Je peux avoir une solution toute prête dans ma tête, qui serait la bonne, mais je ne vais pas l’emmener d’emblée sans avoir d’abord entendu les propositions de mon interlocuteur. »
La coach parle plus volontiers de la technique du feedforward, une approche qui consiste à se projeter vers l’avenir, au lieu de revenir sur le passé. « Si tout le monde travaille dans ce sens, alors il y a une culture organisationnelle qui s’installe et qui crée de la richesse dans l’entreprise », explique-t-elle.
Évidemment, recevoir une critique, même constructive, n’est jamais facile. Mais si toutes les conditions sont réunies, cette rétroaction permettra certainement d’avancer…