Que la lumière soit !!! |
Depuis des mois et des années, nous analysons, «réflexionons», «turpitudinons», pour trouver le moyen de rendre les employés plus heureux au travail, plus impliqués, plus performants, plus présents….Toutes ces belles idées, ces vœux pieux, ou bien souvent mercantiles, font appel à de la matière grise, à des missions d’études, à des audits stratégiques, à des conciliabules ou autres grands mess….Bien que mon rôle de patron, d’une part et de conseiller, d’autre part, m’entraîne dans des considérations qui, parfois, apportent des solutions, quelle ne fut pas ma surprise, en plein mois de juillet, de rencontrer les employés d’une entreprise – que je ne nommerai pas – en train de travailler dans des bureaux sans lumière, sur des tables et dans des fauteuils qui ont dû appartenir à l’armée avant 1940 !!!
J’étais arrivé là sur la base d’une simple question dont l’épicentre était l’absentéisme…et le Flow. «Diantre! Que diable!», disait la direction… «Pourquoi tant de malades en plein mois de juillet ?».Je caricature, certes, mais la rage m’a saisi. Pendant que le haute direction, façon Louis XIV, se caresse la bedaine en s’auto-satisfaisant sur les bénéfices à venir tout en râlant sur le peu de performance de leurs «troupes», des personnes de qualité – car à mon sens toute personne a des qualités – travaillent dans le noir. Des hommes et des femmes vivraient-ils dans la «sombritude» et l’indifférence des patrons, des gestionnaires et même des syndicats ? Je provoque, je le sais, mais de temps en temps j’aime bien.
Bref ! Un peu de projection dans le temps face à cette situation et je saute vite fait sur les conséquences à venir. En novembre, les personnes arriveront le matin sur leur lieu de travail, lorsqu’il fera encore nuit, travailleront sous un rayonnement électrique pénible, puis rentreront chez elles à la nuit tombée. En synthèse, elles ne verront pas la lumière du jour pendant quatre mois…Je saute sur mon téléphone et appelle un de mes amis médecin pour lui demander les conséquences. Il m’explique: «La lumière? Non, le soleil, ou plus exactement, le spectre solaire et ses bienfaits, ne confonds surtout pas les deux, cela n’a rien à voir. Une ampoule électrique classique, et même un néon, qui apportent de la luminosité ne remplacent absolument pas le soleil, ni son rayonnement avec tous ses bienfaits.
Travailler, vivre dans une pièce sombre c’est catastrophique pour l’équilibre neuro-psychologique», me confirme-t-il. Il entre alors dans une explication scientifique dont je vous livre en vrac les mots clés: «Neurotransmetteurs, sérotonine, dopamine, mélatonine, noradrénaline, troubles dépressifs, réactions boulimiques, fatigue visuelle, perte de concentration, perte de sens, tristesse, agressivité, humeur négative, perte de sommeil, maux de tête, problèmes psychologiques….». Au bout de 45 minutes de dialogue avec cet ami je raccroche…Quand on sait que, pour la même raison (l’absence de spectre solaire), on autorise et même on oblige les prisonniers à sortir au moins 20 minutes par jour. Les employés sont-ils donc des esclaves ?Ce soir-là, je me lance dans une recherche sur Internet, je tape lumiere, soleil, détresse lumière, je tombe sur des sites qui apportent des solutions. Il y a quelques fabricants dans le monde qui produisent des ampoules dont la luminosité est très proche du spectre solaire, elles rayonnent comme le soleil. Ouf ! me voilà rassurer on va pouvoir répondre à ce problème !
Je rentre à Montréal car, j’ai oublié de vous le dire, toute cette histoire se passe en France. Ici de telles situation n’existent pas? Je me dis que le Québec, toujours à l’avant-garde, ne doit pas connaître ce genre de situation… Je m’offre donc une petit enquête maison. J’appelle quelques grosses entreprises pour savoir. Bureaux aveugles, pièces noires, différence des taux d’absentéisme entre l’hiver et l’été… Je sens comme un silence, un malaise, une sorte de gêne… Nous aussi, ici, nous connaissons les mêmes problèmes et même parfois c'est pire: on me parle de suicide !J’appelle un autre copain médecin qui me le confirme. De plus, me dit-il, avec l’été que nous avons eu à Montréal, je m’attends à ce que les dépressions saisonnières débutent fin octobre, début novembre. Je crois que je viens de mettre le doigt sur quelque chose d’important, une réponse à des situations vécues, du concret, du palpable, du mesurable.
Oui, mais, en plus, pour prévenir ces situations, il suffirait d’acheter les ampoules correspondantes en s’assurant de leur qualité, de leur agrément scientifique, de la mesure du spectre solaire qu’elles reproduisent, de comparer, de tester… Mais d'après ce que je comprends, les entreprises, comme les personnes, ne semblent pas prêtes à passer à l’action…Je reviens sur terre et je me souviens: il paraît, m’a-t-on dit un jour, que l’homme ne grandit et ne prend conscience que dans la douleur !!!!Je n’ai qu’un souhait: que la lumière soit avant que la souffrance ne vienne !!! À bientôt…
Didier Reinach est Directeur général d’interQualia, conférencier et conseiller en entreprise. Il intervient en développement de la performance, en stratégie et communication. Formateur, il a créé de nombreux stages en communication, management et créativité. Il est le co-auteur du livre «Les fabuleuses richesses économiques du cerveau» paru aux Éditions Emergence à Montréal, en 1997. reinach@reinach.com