Le secteur des technologies de l’information semble épargné par le vieillissement de la main-d’œuvre

Portrait des technologies de l’information
Révélations de la plus importante enquête jamais réalisée au pays sur les professions reliées aux TI

Le secteur des technologies de l’information semble épargné par le vieillissement de la main-d’œuvre. Pour la majorité des fonctions, la moyenne d’âge des travailleurs se situe entre 35 et 40 ans. Les gestionnaires sont les plus âgés, avec une moyenne de 47 ans. C’est ce que révèle l’Enquête pancanadienne sur les professions reliées aux technologies de l’information, fruit d’une collaboration entre le Conseil des ressources humaines du logiciel et Statistique Canada. Il s’agit de la plus importante enquête réalisée sur le marché du travail des technologies de l’information au pays. Elle couvre 70% des travailleurs, répartis dans 18 régions.

L’étude porte sur le recrutement, la formation, la rétention et les politiques gouvernementales. Sauf exceptions, ce monde en est un d’hommes. Les femmes sont majoritaires dans la rédaction (74%) et la conception graphique (61%), mais elles comptent pour moins de 30% des employés dans la presque totalité des autres catégories d’emplois. « Cela nous indique le besoin de continuer à promouvoir ce secteur auprès des femmes », mentionne Jean-François Ouimet, directeur des projets en ressources humaines chez Technocompétences. La moitié des travailleurs détiennent au moins un certificat, un peu plus du quart ont un DEC. Les travailleurs étant jeunes et ayant pris le temps de se former, la principale cause de difficulté d’embauche mentionnée par les employeurs est liée au manque d’expérience.

L’activité principale demeure le logiciel, le web venant au second rang. Le secteur se caractérise toutefois par la polyvalence des tâches. Elle prend une telle importance qu’il existe des différences de perception considérables entre employeurs et employés dans la désignation même des postes. « Cette étude constate pour la première fois de façon aussi claire la disparité des perceptions entre employeurs et employés, souligne Sylvie Gagnon, directrice générale de Technocompétences. Cela surprend à première vue, mais l’écart est compréhensible. Les entreprises du secteur sont des PME. On y retrouve une polyvalence des fonctions. » En moyenne, les employés consacrent 43 heures par semaine au travail. L’enquête brise-t-elle le mythe selon lequel les entreprises de ce secteur exigent une très grande disponibilité de leurs employés? « Ce sont les employés qui ont répondu à la question, répond François Vaillancourt, co-auteur de l’étude. Peut-être retrouve-t-on une faible proportion qui travaillent énormément alors que la grande majorité connaît des semaines de travail qui ressemblent plus aux autres secteurs. »

L’enquête ne fournit malheureusement ni la médiane, ni l’écart-type. Les heures supplémentaires sont compensées en temps ou en argent dans 70% des cas. Les hommes, particulièrement les jeunes, changent d’emplois pour obtenir de meilleurs salaires, mais plus encore pour obtenir de meilleures possibilités de perfectionnement. Lorsque les femmes changent d’emploi, c’est généralement pour se diriger vers un emploi qui tient mieux compte de leur objectif d’équilibre travail-famille. L’information sur les postes disponibles provient principalement des sites Internet, du réseautage informel et des annonces classées traditionnelles. « Le secteur public a plus de procédures à suivre que le secteur privé, nuance François Vaillancourt. Le site web du gouvernement prend donc plus d’importance dans l’annonce des postes offerts. » À l’exception des employeurs torontois, qui ne mènent leurs activités de recrutement que dans la région métropolitaine, les employeurs ratissent la province pour embaucher le meilleur candidat. « Dans la région de Montréal, observe Jean-François Ouimet, je m’étonne qu’il n’y ait pas plus de recherche exclusive dans la région. Cela dénote une pénurie de main-d’œuvre. »

Les technologies requièrent la polyvalence dans les capacités professionnelles, mais trois qualités ressortent particulièrement : les capacités d’analyse, de conception et de communication. Dans un contexte de gestion en affaires, les employés estiment que les compétences en gestion de temps, en planification et en gestion de projets sont les plus importantes. La capacité de travail en équipe est aussi très appréciée. « De plus en plus d’emplois requièrent des contacts avec les clients, y compris chez les programmeurs, observe Jean-François Ouimet. Le message que nous lançons aux institutions d’enseignement c’est que les employés doivent non seulement détenir de fortes connaissances techniques, mais posséder des habiletés relationnelles. » Les employés assument par eux-mêmes une partie importante de leur formation continue, par la lecture de manuels ou de didacticiels. On retrouve, mais de façon moins importante, la formation formelle ou informelle offerte par l’employeur. « Voilà un secteur où les gens doivent constamment se mettre à jour, rappelle Jean-François Ouimet. Les employés savent que leur employabilité en dépend. »

Près de la moitié des employés ne bénéficient d’aucune mesure d’encouragement monétaire autre que le salaire. Là où de telles mesures existent, elles prennent plus souvent la forme de primes et, dans une moindre mesure, l’option d’achats d’actions ou de partage des bénéfices. Les avantages sociaux traditionnels sont par contre fortement présents, qu’il s’agisse de l’assurance médicale et dentaire (85%), d’assurance vie ou invalidité (74%) ou d’assurance-maladie complémentaire (69%). La cotisation de l’employeur à un REER est plutôt rarissime. On ne la retrouve que chez 22% des employés. Lorsque l’on demande aux employés leur préférence pour une mesure d’encouragement financier, plus de 60% optent pour les primes, loin devant le partage des bénéfices qui, au deuxième rang, ne recueille l’adhésion que de 17% des salariés. L’enquête brise le mythe selon lequel l’entreprise privée fait davantage appel aux contractuels que le secteur public. C’est même tout le contraire. Dans le secteur privé, le pourcentage des contractuels oscille autour de 10%, alors que cette proportion s’élève à 28% dans le secteur public. Ce sont particulièrement les gouvernements provinciaux qui recourent à cette méthode de gestion. « Globalement, on compte sensiblement la même proportion de travailleurs autonomes dans les technologies de l’information que dans les autres secteurs économiques », souligne François Vaillancourt. Les auteurs raffinent actuellement leur étude en vue de la publication d’un rapport final au printemps 2005.

Source : Conseil des ressources humaines du logiciel, Le projet Marché du travail canadien dans le secteur des TI – L’enquête nationale – Avant première, Novembre 2004)

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