Certaines études prétendent qu'un employé sur cinq considère quitter son emploi à cause du temps de navettage. Est-ce aussi un problème dans votre organisation? Comment améliorer la situation?
Lorsque vient le temps d’interviewer des candidats à un poste, le lieu de résidence est régulièrement demandé, mais se fier uniquement à la géographie serait une erreur. Le nombre de kilomètres est certes un indicatif utile, mais la donnée la plus importante est le temps de transport. Au Royaume-Uni, par exemple, un employé sur cinq considèrerait de quitter son travail en raison d’un temps de navettage trop long. Parmi eux, 20 % choisiraient de conserver leur emploi parce que celui-ci est situé près de leur domicile.
Selon une étude réalisée en 2015 par la chercheure de l’UQAM Annie Barreck, le seuil critique serait de 20 minutes. Au-delà de ce délai, le temps de transport commence à avoir un impact négatif sur les taux d’épuisement professionnel.
Passé 35 minutes de temps de transport, le cynisme des travailleurs envers leur emploi commence à grimper. Au Québec, les salariés mettent en moyenne 32 minutes à se rendre au travail. Tenir compte de la variable du temps de transport permettra donc de retenir plus facilement les candidats.
Les modes de transports
Tous les types de transpors ne provoquent pas les mêmes conséquences. Le transport en commun serait par exemple un facteur d’apaisement, alors qu’être pris dans le trafic matin et soir peut mener au surmenage.
Les situations peuvent cependant être inversées. Le transport en commun sera une source de stress importante si on réside en banlieue et que l’autobus que l’on doit prendre passe peu fréquemment. De la même manière, 20 minutes passées dans la circulation dense d’un centre urbain seront beaucoup plus dommageables qu’un trajet de même durée sur une route de campagne. C’est la sensation de perte de contrôle qui est déterminante dans l’apparition du stress.
Le bien-être à la mode
Réduire le stress lié au navettage est d’autant plus important que le bien-être au travail est de plus en plus valorisé. « Un nombre croissant d'employés recherchent un équilibre travail-vie personnel, explique Denis Morin, professeur au département d’organisation et ressources humaines de l’UQAM. C’est encore plus vrai pour les jeunes. »
Des solutions
Comment s’assurer de retenir les meilleurs candidats ou d’éviter de voir ses meilleurs talents quitter l’organisation en raison du temps de navettage? « Les organisations doivent favoriser les horaires flexibles », croit Denis Morin. Les employés seront ainsi en mesure d’adapter leur moment de déplacement afin que ceux-ci soient les plus courts et les plus faciles possible. Au moment du processus de sélection, il est important de demander aux candidats quel est leur temps de déplacement moyen et le moyen de transport qu’ils utilisent. Enfin, offrir la possibilité aux employés de parfois travailler de la maison aidera à mitiger les effets néfastes des longs trajets.