« Vas-y comme tu le sens, je te fais confiance, et remets-moi un résumé complet dès que possible ! » Cette mission qui plairait à bien des employés horrifierait la plupart des travailleurs présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). En recrutant un de ces talents, vers quoi devrait-on porter son attention pour une intégration réussie ?
« Une intégration réussie, c’est lorsqu’on ne parle plus d’un travailleur autiste, mais d’un employé ou d’un collègue : celui-ci a l’espace pour exercer ses compétences et ses préférences, comme tout travailleur », résume Emmanuelle Ladouceur, conseillère en intégration à Action main-d’œuvre (SSMO), une organisation qui accompagne les travailleurs TSA et les employeurs.
Une des principales différences entre un employé neurotypique et un autre présentant un TSA, c’est l’importance des « conditions favorables » pour que les forces de ce dernier puissent s’exprimer. Sans tomber dans les généralités, un travailleur autiste a bien souvent besoin de consignes claires et détaillées et d’un espace de travail dans lequel ses hypersensibilités ne nuiront pas à son rendement. À quoi bon l’épuiser par un éclairage artificiel inadapté ou par une proximité accaparante alors que son énergie pourrait être dirigée vers l’exécution précise d’une tâche manuelle ou vers l’élaboration créative d’une solution à un problème technique ?
Assurer l’adéquation entre le milieu et le candidat présentant un TSA
Le « match parfait » entre un poste et un candidat est la clé pour que tous y gagnent.
Une description de poste générique ne permet pas à un travailleur autiste de se « faire une tête » sur cette adéquation. Un entretien d’embauche où le non verbal et le respect des normes sociales (comme le code vestimentaire) sont considérés ne permet pas non plus de bien apprécier les compétences d’un travailleur autiste.
« Un travailleur autiste doit sentir ce qu’on attend de lui. Il doit aussi cerner son environnement de travail, y compris les gens qui feront partie de son quotidien, explique la conseillère en intégration. Quelles sont les vraies tâches liées au poste ? Quel est le système de hiérarchie en place ? À quoi ressemblera son espace de travail, avec qui devra-t-il composer tous les jours ? »
Lorsque l’employeur est réceptif, Action main-d’œuvre organise des visites du lieu de travail, une occasion qui permet au candidat autiste de non seulement poser toutes les questions qui le tracassent, mais aussi de constater s’il se sentira bien, ou non, dans ce milieu.
Ponctualité, respect des règles, sérieux, souci du détail, pensée créative, raisonnement logique, mémoire photographique… le trouble du spectre de l’autisme s’accompagne de qualités précieuses qui ont leur place en entreprise, au coût de quelques accommodements. Selon Emmanuelle Ladouceur, il n’est pas rare que les employeurs fassent des apprentissages utiles sur leur mode de fonctionnement en réfléchissant à des stratégies d’adaptation. Leur est-il possible, par exemple, de résumer précisément la pertinence de telle réunion et les attentes envers chaque personne présente ? Ont-ils déjà pesé le poids des sous-entendus dans leurs communications internes ?