L’emploi des seniors dans le monde

Comment se porte l’emploi des seniors à travers le monde ? Quels pays ont mis en place de bonnes pratiques, quels sont ceux qui pourraient s’en inspirer ? Vaut-il mieux être un actif de plus de 50 ans en Allemagne, en Australie ou au Japon ? Tour d’horizon des bonnes pratiques dans 5 pays touchés par le vieillissement de la population.

  • Le Japon vieillit mais s’adapte

=> Taux d’emploi pour les 55-64 ans : 66,3 %

Au Japon, le vieillissement de la population est déjà une réalité, les plus de 65 ans représentant plus de 21 % de la population. Plus d’un million de salariés seraient ainsi en âge de quitter la vie active dans les prochaines années. Mais le pays a su réagir à temps. Le gouvernement a instauré une retraite à la carte et vise à terme un système sans limite d’âge. Du côté de la discrimination, les entreprises doivent aménager les horaires de leurs travailleurs seniors et, en cas de licenciement, les accompagner vers un nouvel emploi. L’insertion est d’ailleurs l’objet de politiques actives depuis les années 1970 avec, par exemple, des centres de placement proposant des emplois à temps partiel aux plus de 60 ans, un soutien à la création d’entreprise, ainsi qu’une aide individualisée pour les anciens cadres. Le résultat est probant : le taux d’emploi pour les 55-64 ans s’élève à 66,3 %, il est ainsi très proche du taux d’emploi de la population totale (70,7 %) et plus élevé que celui des 15-24 ans (41,3 %).

  • Etats-Unis : un problème d’image

=> Taux d’emploi pour les 55-64 ans : 62 %

Aux États-Unis, l’emploi des travailleurs âgés est devenu un sujet de préoccupation majeur pour les pouvoirs publics américains. Le taux d’emploi des 55-64 ans est certes relativement élevé (62 %) mais il progresse très peu (+7 % entre 2000 et 2008). Non seulement, le système des retraites n’incite pas à poursuivre une activité, puisqu’il peut être plus intéressant pour un salarié de quitter son emploi plutôt que d’y rester au-delà de l’âge légal de départ à la retraite, mais de plus, les seniors semblent être victimes de discriminations à l’embauche, selon l’enquête “la discrimination à l’emploi des seniors aux États-Unis” du Centre d’études de l’emploi. Autre problème soulevé : les jeunes hommes de 25-34 ans travaillant de façon saisonnière ou à temps partiel viennent concurrencer les emplois des seniors, car ils visent les mêmes types de poste faiblement rémunérés. Devant les difficultés de recherches d’emploi, beaucoup de seniors choisissent de partir plus tôt à la retraite.

Afin de remédier au problème, les pouvoirs publics ont entrepris de réformer le système des retraites et d’informer les entreprises sur les avantages à recruter un salarié expérimenté. Ils ont également déclaré illégales les limites d’âge précisées dans les offres d’emploi, une pratique restée courante.

  • Canada : peut mieux faire

=> Taux d’emploi pour les 55-64 ans : 57,5 %

La situation de l’emploi des séniors canadiens s’est nettement améliorée ces dernières années. D’après Statistique Canada, entre 1996 et 2006, le taux d’emploi des personnes âgées de 65 ans et plus est passé de 12 % à 15 % pour les hommes et de 4 % à 6 % pour les femmes, tandis qu’au cours des années 1980 et 1990, il avait tendance à diminuer. L’amélioration est également notable pour les 55-64 ans, leur taux d’emploi ayant bondi de près de 20 % entre 2000 et 2008. L’OCDE souligne cependant que des efforts restent à faire car les Canadiens continuent de se retirer précocement de la vie active, alors que de nombreux séniors auraient préférer continuer à travailler si les politiques publiques et les pratiques au travail le leur permettaient. L’organisme préconise notamment d’élargir les possibilités de conjuguer une pension et un revenu d’activité, d’évaluer l’importance des discriminations liées à l’âge, de promouvoir les pratiques exemplaires dans le milieu du travail et de renforcer les services d’emploi pour les chômeurs âgés.

  • Australie : des entreprises impliquées

=> Taux d’emploi pour les 55-64 ans : 57 %

62 % des Australiens espèrent continuer à travailler une fois retraités, et 24 % des actifs pensent ne pas prendre leur retraite avant 70 ans. Les entreprises nationales s’adaptent à cette nouvelle réalité : 21 % d’entre elles ont mis en place des stratégies spécifiquement dédiées au recrutement et au maintien dans l’emploi des plus de 55 ans. Leurs managers sont formés aux spécificités des employés séniors et des actions contre la discrimination sont régulièrement lancées. Comme au Japon, le taux de chômage est moins élevé chez les séniors australiens : il s’élève à environ 3 % pour les plus de 55 ans, contre plus de 5 % pour l’ensemble de la population active. Les plus de 60 ans sont d’ailleurs la seule tranche d’âge à avoir vu augmenter leur taux d’emploi entre 2008 et 2009.

  • Allemagne : une belle progression

=> Taux d’emploi pour les 55-64 ans : 54 %

En 8 ans, le taux d’emploi des 55-64 ans a progressé de près de 43 % en Allemagne. Il est à présent de 54 %, alors qu’il s’élève à peine à 40 % chez les voisins de l’Allemagne, notamment la France, la Pologne et la Belgique. Les perspectives d’emploi des seniors évoluent d’ailleurs mieux que celles des plus jeunes, car les profils expérimentés sont considérés comme un investissement plus rentable par les employeurs. Beaucoup d’entreprises allemandes ajustent les horaires aux besoins des plus âgés, certaines les dispensent de travail de nuit, leur proposent des formations complémentaires… Dans certaines entreprises, telles que KSB ou Fahrion, un tiers des employés a plus de 50 ans. L’OCDE indique cependant que de nombreux Allemands arrêtent de travailler bien avant d’avoir atteint l’âge légal de la retraite et préconise donc de maintenir une politique active.

Source des taux d’emploi : OCDE, 2008

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