Comment s’en sortent les populations autochtones depuis le ralentissement économique amorcé en 2008 ? C’est ce qu’a tenté de savoir Statistique Canada dans son étude Les autochtones et le marché du travail, dévoilée le mois dernier.
Entre 2008 et 2010, l’emploi a davantage reculé chez les travailleurs autochtones que chez les travailleurs non-autochtones et ce de manière plus prolongée. Toutes les catégories d’âge semblent concernées par cette tendance. On découvre ainsi que l’emploi a baissé de 2,8% (- 7 300) en 2009 et de 4,9% (- 12 400) en 2010 chez les travailleurs autochtones du principal groupe d’âge allant de 25 à 54 ans. Si l’on compare aux données relevées chez les travailleurs non-autochtones, la baisse est moins importante en pourcentage. L’emploi y a diminué de 1,7% (- 198 000) en 2009 avant de repartir à la hausse avec + 0,8% (+ 93 000) en 2010.
Sur la même période, les écarts se sont creusés entre les deux populations, que ce soit au niveau du taux d’activité, du taux d’emploi ou du taux de chômage. En 2010 par exemple, le taux d’activité des travailleurs autochtones âgés de 25 à 54 ans était de 75%, quand les travailleurs non-autochtones affichaient un taux de 86,7%. C’est l’écart le plus important depuis quatre ans. On apprend également que les hommes s’en sortent moins bien que les femmes en termes d’activité dans ce principal groupe d’âge. Leur taux d’activité a diminué de 4,5 points pour passer à 80,4% tandis que celui des femmes a baissé de 1,2% pour s’établir à 70%.
L’étude révèle aussi des différences en fonction des provinces. C’est au Québec que le taux d’emploi des travailleurs autochtones a reculé le plus fortement en deux ans, suivi par la Colombie-Britannique, l’Ontario et l’Alberta. Il se fixe à 61,1% au Québec et à 62,7% en Colombie-Britannique. Les pertes d’emploi ont principalement touché les métiers du transport et de la machinerie, ceux de la vente et des services, les professions liées à la transformation, la fabrication et aux services d’utilité publique.
Les jeunes plus touchés
Tel un signe de plus grande précarité face à l’emploi, les Autochtones étaient plus nombreux en 2010 à occuper plus d’un emploi par rapport à 2008. Leur proportion était également plus forte dans les emplois temporaires que pour les non-Autochtones. Quant aux jeunes de 15 à 24 ans, ils apparaissent les plus touchés par le ralentissement économique de ces dernières années. Entre 2008 et 2010, leur taux d’activité a chuté de 5 points pour se fixer à 57%. Mais il faut aussi noter que les jeunes autochtones étaient plus nombreux à fréquenter les établissements d’enseignement, notamment au Québec, en Ontario et en Alberta. Pour finir, les travailleurs autochtones plus âgés (55 ans et plus) sont également plus fragilisés. En 2010, leur taux d’activité a reculé de 1,4 points par rapport à 2008. À la différence des travailleurs non-autochtones qui ont vu leur taux augmenter de 1,7 points pour s’établir à 36%.