Logiciels-robots capables de dialoguer avec des humains lors de conversations automatisées, les chatbots pourraient maintenant aider les entreprises dans leurs activités de recrutement. S’ils ne font pas passer directement l’entrevue au candidat, ils peuvent toutefois participer à la sélection en amont.
Pour comprendre ce que l’humain au bout du clavier communique, le chatbot utilise des algorithmes d’apprentissage profond (deep learning). Il apprend au fur et à mesure qu’il discute lors de ses conversations et est même capable d’abstraction. De nombreuses entreprises en utilisent déjà un, que ce soit comme assistant virtuel au service à la clientèle ou pour les employés.
Par exemple, Talla, une entreprise américaine, crée des chatbots qui aident les employés d’une firme à se renseigner. On ne sait plus quand tel projet est dû ? On demande à Talla ! Selon la réponse obtenue, le chatbot fera un suivi et répondra en fonction d’un arbre de décision préétabli.
Voilà que les chatbots pourraient investir le champ du recrutement, par exemple en offrant une réponse automatisée aux candidats qui envoient leur CV sur le site d’une entreprise. Le chatbot peut ensuite poser quelques questions au candidat afin de recueillir un maximum d’informations en vue d’une entrevue potentielle. Bien qu’il soit possible de tout simplement faire remplir un formulaire en ligne au candidat, cette manière de procéder crée l’impression d’innovation et de réactivité de l’entreprise.
Pas aussi simple d’innover
Laure Gabrielle Chatenet, cofondatrice d’UX-co, une firme de conseillers en expérience client, croit toutefois que l’implantation efficace des chatbots n’est pas pour demain dans la majorité des entreprises et institutions québécoises. « J’ai l’impression qu’on veut sauter des étapes, dit-elle. Je rencontre par exemple des compagnies d’assurance qui veulent toutes implanter des solutions d’intelligence artificielle, mais elles n’ont pas complété leur transformation numérique et encore, il faut ensuite structurer les données. »
De nombreuses entreprises font face à un sérieux problème de recrutement, remarque en outre Laure Gabrielle Chatenet. Dans ces circonstances, ajouter une interface robotisée est la dernière chose à faire. Il faut plutôt placer l’humain au centre du processus afin d’attirer les meilleurs talents. Un employé enthousiaste est un ambassadeur plus efficace qu’un robot pour n’importe quelle entreprise.
Une aide au recrutement
N’empêche, s’il n’est pas question de faire passer toute une entrevue à un candidat avec un chatbot, il est possible d’utiliser celui-ci pour automatiser certains processus. On peut programmer le chatbot pour qu’il réponde à certaines interrogations du candidat sur la nature du poste, par exemple. Un candidat peut s’interroger sur l’horaire typique du poste, une information qui n’est généralement pas affichée dans sa description. Il peut être moins intimidant de poser ces questions à un logiciel de conversation automatisé qu’à un recruteur en personne, beaucoup plus tard dans le processus. Le candidat peut même choisir de ne pas poursuivre le processus s’il s’aperçoit que l’emploi ne lui convient pas. Également, cela pourrait faire économiser du temps au recruteur, notamment lors de vagues d’embauche massives, par exemple afin de trouver une case horaire pour une entrevue.
Les chatbots ont encore besoin d’être peaufinés, mais ils pourraient bientôt être d’une précieuse aide aux recruteurs… à condition d’être bien programmés.