Au travail comme ailleurs, l’individu passe par toute une kyrielle d’émotions : fierté, reconnaissance, frustration, désarroi… La fréquence des émotions positives ressenties sur le lieu de travail entraîne logiquement une satisfaction générale. À l’opposé, ressentir fréquemment des émotions négatives, notamment dirigées vers sa propre entreprise, a des effets dévastateurs : baisse de satisfaction générale, baisse d’estime de soi, baisse de motivation…
Or, la motivation est centrale dans la gestion du personnel, des employés motivés et heureux coûtent largement moins chers aux entreprises que des employés qui ne le sont pas. La motivation entraîne non seulement des économies directes : augmentation de l’assiduité au travail, meilleure concentration, meilleures performances… mais aussi indirectes : baisse de l’absentéisme, plus de loyauté envers l’entreprise, plus de fidélisation des employés, plus de créativité. L’employeur a tout à gagner à savoir motiver ses employés !
Les émotions à éviter au travail
Il est bien évident qu’on ne peut pas ressentir de la joie 100 % du temps… L’important ici est de vivre une plus grande proportion d’émotions positives que négatives et d’éviter à tout prix les émotions tueuses de motivation, comme se sentir méprisé ou rejeté.
Commencez par observer l’ambiance générale dans les bureaux, notamment lors des moments « festifs » de l’entreprise. Est-elle légère et détendue ? Y a-t-il des individus mis à l’écart ? D’autres qui se font « chahuter » comme dans la cour de récréation ? Et vous, quel rôle jouez-vous dans la cour d’école ?
Vous êtes non seulement dans votre droit, mais aussi dans le devoir de dénoncer toute forme de violence psychologique : si vous tenez à faire vivre des émotions positives à vos employés, sexisme, racisme et harcèlement doivent être bannis des propos et des comportements. En sorte, c’est un peu à vous d’être le « héros » des situations injustes…
Il est bon d’ajouter qu’il est fondamental de communiquer clairement ses attentes quant aux règles à respecter, sans qu’elles aient l’air démesurées ou arbitraires : en créant un sentiment de justice chez vos employés, vous augmenterez leur sentiment d’appartenance et de considération. Cela n’a pas de prix !
Identifier les « stresseurs »
Tout ne repose pas sur votre propre comportement ! Il vous faut surveiller l’ensemble des tueurs de motivation :
1. L’environnement : bruits, promiscuité, matériel brisé ou inadéquat, pollution, odeurs, insalubrité…
2. La dynamique de groupe : y a-t-il un « petit chef » qui mine l’ambiance et fait perdre la face aux plus vulnérables ? Qui sont les personnes les plus influentes ? Ont-elles le mérite et les valeurs adéquates face à la dynamique de groupe la plus stimulante pour vos employés ?
3. La culture organisationnelle : quelles sont les traditions et les valeurs de votre entreprise ? Il n’y en a pas ou vous l’ignorez ? Cela peut tuer le sens donné au travail par vos employés et leur sentiment d’appartenance à l’entreprise, attention !
4. Le style de leadership : le panache de Roosevelt était de se souvenir des noms de chaque personne qu’il rencontrait, jusqu’à l’ouvrier du garage… Il est facile d’être aimable avec des personnes dont on dépend, mais lorsque c’est l’inverse, là est le grand mérite ! À l’opposé, faire perdre la face à quelqu’un, en public de surcroît, transmet quelque chose de vous, de vos valeurs : voulez-vous avoir l’air d’un leader qui se moque des émotions de honte et de rejet de vos subalternes ? Leader tyran et règlements rigides tuent la créativité et la motivation : l’employé a un besoin fondamental d’autonomie pour s’accomplir dans son travail.
5. Le feedback : si vos employés ne savent pas si ce qu’ils font correspond aux attentes et aux besoins de l’entreprise, ils vont naturellement en faire de moins en moins, se disant logiquement que si cela ne fait pas de différence, autant s’économiser. Il est donc important de donner régulièrement un feedback individuel et collectif. Les rencontres individuelles donneront un sens au travail de l’employé, voire laisseront la place aux initiatives et à la créativité : le pire tueur de motivation est lorsque l’employé est très inspiré pour améliorer un aspect de son travail, voire est disponible pour en faire plus, et que son patron refuse d’un revers de la main. Enfin, souvenez-vous que l’absence de feedback est aussi nocive qu’un feedback négatif : les deux donnent l’impression que ne rien faire est moins coûteux ! Alors, comme on donne un bouquet avec ses fleurs et ses épines, l’art de critiquer consiste à souligner les bons coups et suggérer des pistes d’amélioration après avoir souligné les moins bons, sans jamais s’attaquer à la personne, mais au comportement.
Enfin, l’un des tueurs de motivation les plus regrettables est sans doute de ne pas laisser assez de place à l’humour. Rire de soi et rire des autres est inspirant et permet de relâcher une grande pression dans certaines situations… À recommander donc, mais avec modération !