Les diplômés universitaires canadiens, surqualifiés ?

 

Près d’un Canadien sur cinq (18%) titulaire d’un diplôme universitaire est surqualifié par rapport à l’emploi qu’il occupe. C’est ce que révèle une étude de Statistique Canada publiée dans Regards sur la société canadienne. Mais le phénomène de surqualification est-il plus important qu’il y a 20 ans ?

 

L’étude sur la surqualification des nouveaux diplômés universitaires réalisée par Statistique Canada apporte un regard actualisé sur le phénomène de la surqualification des jeunes sur le marché du travail. Plusieurs observations y sont faites sur une période de 20 ans. Premièrement, les diplômés universitaires sont de plus en plus nombreux. Entre 1991 et 2011, la proportion de diplômés universitaires âgés de 25 à 34 ans a ainsi beaucoup augmenté, passant de 18% en 1991 à 33% en 2011. Deuxièmement, de plus en plus de jeunes actifs occupent des postes de professionnels, ces emplois nécessitant un diplôme universitaire. Chez les femmes actives de ce groupe d’âge, 28% occupaient un poste de professionnel en 2011 contre 18% en 1991. Chez les hommes, 18% avaient un emploi exigeant un diplôme universitaire en 2011 contre 13% en 1991. Mais de plus en plus de diplômés universitaires sur le marché du travail impliquent-ils des taux plus élevés de surqualification ?

 

La surqualification a peu varié

Pas vraiment. D’après Statistique Canada, la surqualification a peu varié sur les 20 dernières années. En 2011, 18% des hommes et des femmes titulaires d’un diplôme universitaire travaillaient dans des professions exigeant des études de niveau secondaire ou moins. Une proportion sensiblement similaire à 1991. De plus, 41% des hommes et 39% des femmes détenant un diplôme universitaire en 2011 occupaient un poste nécessitant des études collégiales ou moins. Là encore, la proportion a peu varié par rapport à 1991. Malgré tout, certaines disparités sont apparues.

 

La population immigrante plus touchée

L’étude permet notamment d’apprendre que les immigrants sont plus susceptibles d’être surqualifiés que les travailleurs nés au Canada. C’est particulièrement le cas des femmes immigrantes. 43% de celles titulaires d’un diplôme universitaire obtenu hors du Canada ou des États-Unis occupaient des postes exigeant des études de niveau secondaire ou moins en 2011. La proportion tombe à 20% pour les femmes immigrantes ayant obtenu leur diplôme en Amérique du Nord et à 15% pour les femmes diplômées universitaires nées au Canada. Du côté des hommes, 35% des immigrants titulaires d’un diplôme universitaire obtenu hors du Canada ou des États-Unis travaillaient en 2011 dans des professions exigeant des études de niveau secondaire ou moins. La proportion tombe à 16% pour les hommes immigrants ayant obtenu leur diplôme en Amérique du Nord. Même taux pour les diplômés universitaires nés au Canada.

 

Des disparités selon les domaines d'études

Certains domaines d’études semblent également plus touchés par la surqualification que d’autres. En 2011, les taux les plus élevés ont été observés dans les sciences humaines (histoire, littérature, philosophie). 33% des diplômés universitaires de ces programmes travaillaient dans des professions exigeant des études secondaires. D’autres domaines affichent des taux supérieurs à la moyenne comme les sciences sociales, les sciences du comportement et le droit ; le commerce, la gestion et l’administration publique ; et l’agriculture, les ressources naturelles et la conservation. Au contraire, les taux les plus bas ont été observés dans le domaine de l’éducation ; de l’architecture, du génie et des services connexes ; et de la santé.

 

D’autres facteurs de variation

L’âge a également une influence sur la surqualification. D’après les résultats observés et assez logiquement, plus les diplômés sont âgés, moins ils sont susceptibles d’être surqualifiés par rapport au poste qu’ils occupent. Des écarts existent aussi sur le plan géographique. C’est ainsi que les résidents du Manitoba et de la Colombie-Britannique sont plus susceptibles d’être surqualifiés que les résidents de l’Ontario et du Québec. De même, les diplômés habitant de très grandes régions métropolitaines de recensement comme Toronto, Montréal et Vancouver sont plus susceptibles d’être surqualifiés que les habitants de grandes régions métropolitaines de recensement comme Calgary, Edmonton, Québec ou Ottawa.
 

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