Les entreprises canadiennes se heurtent à des difficultés importantes en matière de recrutement. Si elles peinent à trouver au Canada les profils qualifiés, elles sont confrontées aux limites imposées par le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) lorsqu’elles souhaitent embaucher un candidat non Canadien. Conséquence : elles externalisent de plus en plus leurs projets.
Les entreprises canadiennes souffrent des mesures restrictives imposées par le gouvernement fédéral à l’endroit des travailleurs étrangers temporaires. C’est ce que met en lumière une étude du Conseil canadien de mutation des employés (CCME) menée en décembre 2013 auprès de 35 entreprises ayant été impactées par les changements introduits par le gouvernement fédéral dans le PTET. Certaines sociétés ont ainsi été dans l’obligation de délocaliser leurs projets à l’étranger suite aux retards accumulés dans l’exécution de leurs contrats et aux pertes financières qu’elles ont subies du fait de ces nouvelles contraintes.
Cette situation s’explique par le rallongement du temps d'attente relatif à l’autorisation d'embaucher une aide étrangère temporaire, délai qui était de quatre semaines dans 71% des cas avant la suspension des avis accélérés relatifs au marché du travail. Aujourd’hui 47% des entreprises sondées attendent plus de douze semaines pour obtenir une réponse à leur requête dans le cadre du PTET. La majorité des demandes, soit 85%, est traitée en plus de huit semaines en moyenne. Dans certains cas, la demande d'avis peut même être retardée de plus de six mois.
Perte de crédibilité et de talents
De ce fait, 85% des entreprises interrogées ont confirmé que les modifications réglementaires apportées au PTET, avaient eu des conséquences tangibles sur leurs opérations : des coûts supplémentaires (62%), du retard dans l'achèvement des contrats et des projets (55%), une perte d'opportunités d'affaires (35%), la délocalisation de leurs projets à l'extérieur du Canada au cours des derniers mois (30%). Parmi les autres retombées néfastes, elles ont mentionné la perte de profils talentueux, des problèmes dans la planification des activités de l’entreprise et enfin un déficit de crédibilité auprès de leurs clients. Enfin, 53% des entités sondées, estiment que les amendements du PTET ont affecté en profondeur leurs programmes de mobilité internationale.
Entreprises, associations professionnelles et syndicats pressent donc le gouvernement de faciliter le recrutement d’une main d'œuvre étrangère, en raccourcissant les délais de traitement des avis. Toutefois, les entreprises interrogées ne sont que très peu à espérer des initiatives en faveur d’une plus grande circulation des travailleurs entre les provinces ou en provenance de pays étrangers lors du prochain vote du budget fédéral. Une grande partie des organisations rencontrent des difficultés à trouver une main d’œuvre qualifiée parmi les Canadiens et échoue ainsi à combler des postes de cadres supérieurs. C’est pourquoi 65% des sociétés interrogées n’ont d’autre recours actuellement que celui de se tourner vers le PTET pour recruter des profils qu’elles ne réussissent pas à trouver dans le pays.