Manque de responsabilités, persistance des préjugés, difficultés de conciliation entre vies privée et professionnelle, écarts de salaires,… Les obstacles à l'évolution de la carrière d'une femme sont toujours aussi nombreux, d'après l'enquête menée par Ipsos-Reid pour Randstad, pour la 2e année consécutive. Fait le plus marquant de l'étude : l'image globale, y compris l'apparence physique, aurait d'importantes répercussions sur l'évolution professionnelle pour une écrasante majorité des 501 répondantes.
90% des femmes pensent que leur image globale joue un rôle déterminant dans la progression de leur carrière. Si les plus âgées sont majoritaires à partager cette opinion, à savoir 55%, les plus jeunes sont 42% à arriver à ce même constat. Et les hommes, sont-ils eux aussi victimes de cette pression sur l'apparence ? Oui, mais uniquement pour 36% des personnes interrogées.
Des carrières semées d'embûches
Le marché du travail canadien se présente comme un ensemble d'obstacles et de défis à relever pour les femmes. En premier lieu, la gestion de l'équilibre entre vies personnelle et professionnelle inquiète 61% d'entre elles. Autres sources de préoccupation : les facteurs externes, comme la récession ou les pertes d'emploi au Canada pour 56% et le manque d'opportunités sur le marché de l'emploi pour 53% des femmes. Les moins de 35 ans se sentent d'autant plus touchées puisqu'elles sont 67% à avoir mentionné cet obstacle. Aussi, 48% des femmes souffrent de perceptions démodées dans des postes de cadre ou de direction, 48% peinent à être accueillies et respectées au sein d'équipes de direction établies, et 47% considèrent qu'un mentorat assuré par une femme les aideraient mieux dans leur évolution professionnelle.
Un plafond de verre omniprésent
La parité est encore loin d'être au rendez-vous pour les Canadiennes. En effet, 78% d'entre elles estiment qu'il existe une disparité importante ou modérée en termes de salaires dans les rôles de direction. Même son de cloche pour les promotions qui font l'objet d'écarts de traitement modérés ou importants entre les sexes pour 72% des femmes. Pourquoi les entreprises auraient-elles plus de difficultés à accorder une promotion à une femme plutôt qu'à un homme ? Pour presque la moitié des personnes interrogées (49%), les employeurs craindraient les absences répétées à cause d'obligations familiales, et pour quasi un quart (24%) la possibilité d'un congé maternité serait source d'inquiétude.
La parité n'est toujours pas atteinte non plus en termes de responsabilités, d'influence et d'opportunités. En effet, 70% considèrent que les meilleurs emplois, tâches et projets sont confiés à des hommes dans des postes similaires. 67% ressentent une disparité lorsqu'il s'agit de prendre des décisions importantes pour l'entreprise, et 57% pensent avoir moins d'occasions de se déplacer en voyages d'affaires.
Les meneuses : un portrait contrasté
Près de la moitié des femmes (49%) indiquent que le sexe du supérieur immédiat n'a pas d'impact sur la possibilité de décrocher un poste de cadre ou de direction. Parmi celles ayant signalé le contraire, une sur trois (30%) estime plus probable qu'une patronne puisse nuire à sa progression de carrière qu'un homme (25%).
Les femmes seraient plus aptes à diriger que des hommes ? La réponse est unanime pour 70% des personnes interrogées qui les estiment meilleures meneuses. Les raisons sont multiples : les femmes seraient de meilleures communicantes (62%), mieux organisées (60%), auraient une meilleure compréhension des besoins de leurs employés (55%), feraient preuve de plus d'empathie (55%), et seraient plus disposées à se remettre en question dans leur approche (54%). Dans une moindre mesure, un meilleur instinct à été cité par 39% des sondées, et une implication plus grande dans la réussite de l'entreprise par 25%.
Permettre aux femmes d'évoluer
Pour offrir de meilleures ressources et davantage d'opportunités aux femmes, des conditions de travail plus souples demeurent majoritairement citées, mais légèrement en baisse par rapport à l'année dernière (60% contre 65%). D'autres éléments prennent de plus en plus d'importance pour permettre aux femmes d'obtenir plus facilement des postes de cadre ou de direction. En effet, 53% des personnes interrogées ont le sentiment que les entreprises pourraient mieux faire en termes de programmes de mentorat et de développement des compétences en direction des femmes ; un chiffre qui a augmenté de 7 points comparativement à l'année dernière. 48% vont plus loin en évoquant des programmes spécifiquement conçus pour permettre aux femmes d'acquérir les compétences nécessaires pour des positions à responsabilités. Enfin, les entreprises doivent mettre l'accent sur la diversité dans les postes de direction ou de cadre pour 52% des répondantes.
Les opinions recueillies dans cette enquête révèlent qu'il reste encore un long chemin à faire pour que les Canadiennes soient reconnues dans le monde des affaires et puissent accéder à des postes à responsabilités sans entrave. 3% des femmes pensent que les opportunités d'accéder à des postes de direction ou de cadre seront moins nombreuses dans les prochaines années, 46% estiment qu'il n'y aura aucun changement et 52% ont le sentiment qu'il y en aura plus. Des résultats qui ont peu évolué depuis l'année passée mais révèlent néanmoins un certain optimisme, notamment chez les moins de 35 ans qui sont 55% à s'attendre à une plus grande représentation des femmes dans les postes clefs de l'entreprise.