C’est du moins la conclusion assez frappante d’un vaste sondage mondial mené par ADP Research Institute et portant sur la gestion du capital humain dans le monde.
L’enquête fait état d’importantes disparités entre les perceptions que peuvent avoir les salariés et les départements des ressources humaines (RH) quant à la gestion du capital humain. Qu’il soit question de la qualité du management des employés, de l’évaluation des performances ou du traitement des questions concernant les RH et les avantages sociaux, les responsables RH se croient plus en phase avec leurs employés que ces derniers le sont vraiment. Des différences d’opinions entre les RH et les cadres dirigeants existent également relativement à ces sujets.
L’institut fait valoir des lacunes en ce qui a trait à la communication d’informations pour expliquer ces résultats. Pourtant, note-t-elle dans le livre blanc dont fait l’objet l’étude, les progrès réalisés au cours des 20 dernières années pour faciliter ces dernières devraient avoir, du moins en partie, réglés ces problèmes. « Les différences importantes constatées […] indiquent qu’il faut encore améliorer les choses – et que les entreprises fonctionnent avec des effectifs insuffisamment engagés », conclut le sondage.
Le sondage se base sur trois études mondiales en ligne réalisées en 2013 auprès d’un échantillon de 8500 personnes. Ce dernier est composé de salariés, de responsables RH et de hauts dirigeants.
« Un peu fort »
« Je trouve le terme “déconnecté” un peu fort », lance Francine Sabourin, directrice du développement de la profession pour l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréées (CRHA).
Selon elle, l’identité même des auteurs du sondage doit être prise en compte dans l’évaluation de ses résultats « ADP est une firme qui offre des solutions basées sur des services RH. Les questions posées dans le cadre de l’étude ne sont donc pas fortuites », souligne-t-elle.
Il en va de même de la nature internationale de l’enquête qui, nécessairement, induit certains biais. « Les lois et marchés du travail ne sont pas les mêmes partout, explique-t-elle. Ce qui est considéré comme une offre concurrentielle en matière de RH à un endroit ne l’est pas ailleurs. Est-ce que cette réalité est prise en compte dans l’étude d’ADP ? Rien ne permet de le croire. »
Néanmoins, le « fossé » entre les RH et les salariés rapporté dans le sondage existe bel et bien. Et il serait effectivement dû à une incapacité à transmettre et à expliquer les informations pertinentes. « La valeur de ce qui est offert dans les organisations n’est pas bien transmise aux employés », déplore Francine Sabourin. L’efficacité des mesures des pratiques RH, donc de leur mise en valeur, serait ici en cause.
Les lacunes soulignées par ADP Research Institute sont-elles surprenantes ? « Non. Bien au contraire : c’est bien connu que les organisations ne communiquent pas bien leur offre en matière de RH. Les départements RH, mais aussi leurs gestionnaires, ont du chemin à faire en ce sens. »