Management féminin vs management masculin : quelles différences ?
Nous sommes au 21ème siècle, et la question se pose encore : quelle est la place des femmes dans le monde du travail ? Les statistiques démontrent clairement que la parité n’est pas atteinte dans bien des domaines, mais pour quelles raisons ? C’est à cette question que Ginette Séguin tente de répondre, en comparant les deux univers du management féminin et du management masculin.
« C’était il n’y a pas si longtemps, se souvient-elle, on se tournait vers moi pendant les réunions afin que j’apporte, je cite : une « touche féminine » au débat, un « conseil de femme » sur tel point de détail… » Des anecdotes comme celle-là, Ginette Séguin n’en manque pas. C’est au cours de la troisième édition du Carrefour d’affaires au féminin (cf. ci-dessous) qu’elle les partageait cet après-midi là. Sa conférence, intitulée « Le management au féminin », dressait un état des lieux sans concession des relations hommes-femmes au travail.
Au fil des années, alors qu’elle enchaîne les postes de directrice des ressources humaines dans différentes entreprises de renom, Ginette se retrouve bien loin de l’idée qu’elle se faisait de sa carrière professionnelle : « Toute jeune, je m’imaginais chef d’équipe, fumant le cigare avec mes collaborateurs masculins », raconte-t-elle avec humour. Dans la réalité, elle est persona non grata aux 5 à 7 organisés au bar d’en face par ses collègues masculins. Lesquels demandent, stupéfaits : « Ha, mais tu bois de la bière, toi ? », lorsqu’elle exprime le désir de se joindre à eux… Pas rancunière pour autant, elle choisit de se pencher sur tout ce qui oppose ceux qui viennent de Mars à celles qui viennent de Vénus. Objectif : essayer de comprendre comment ces différences influent sur le management, la collaboration ou encore la prise de décision.
Premier constat, le management masculin est comme un jeu, un jeu dont les règles ont été établies par les hommes et pour les hommes (normal, ils étaient seuls à décider). « Dans le jeu des affaires, les femmes doivent jouer le jeu des hommes, alors qu’elles n’ont pas le même fonctionnement, ni les mêmes valeurs », explique Ginette. Ainsi, face à une gent masculine caractérisée par sa force physique, son indépendance et son besoin de confrontation, les femmes jouent à armes inégales : force psychologique, interdépendance, volonté de multiplier les relations ou encore de trouver des terrains d’entente dans les situations conflictuelles. Ils recherchent le pouvoir, elles veulent le partager… Ils veulent gagner, elles veulent avant tout être bien intégrées dans leur milieu de travail, et instaurer un véritable esprit d’équipe… Ils sont très clairs dans leurs idées et sur la direction à prendre, elles sont à l’écoute des autres et de leurs émotions…
En clair, au jeu entrepreneurial de la prise de risque et de l’improvisation, les femmes sont désavantagées. Un quotidien que l’on pourrait dire semé d’embûches, étant donné les différentes études de cas que Ginette Séguin expose. Dans le cadre d’une opportunité de travail par exemple, un refus n’effraie pas les hommes, tandis que les femmes qui y sont confrontées se sentent rejetées, voire culpabilisent. Ou encore : la femme, perfectionniste, s’inquiète de la façon dont elle va gérer ses nouvelles responsabilités, et va beaucoup en parler. L’homme, quant à lui, ne demande rien à personne… et fonce. Elle va aussi se demander pourquoi son nouveau collègue ne se montre pas amical (car son rendement dépend très souvent du climat de travail), alors que son homologue masculin, lui… s’en moque.
Qu’on se rassure, l’allocution se termine quand même sur une note positive : les deux styles de management sont complémentaires, et il est important qu’hommes et femmes travaillent ensemble.
Une présentation un peu caricaturale, voire trop rude avec la gent masculine ? « Absolument pas, répond Ginette Séguin, je souligne des différences. Une information que nous connaissons tous déjà, mais que nous avons si bien intégrée, que nous avons fini par l’oublier. Ce qui ne signifie pas qu’elle a disparu pour autant. » Même si les choses ont évolué ces quinze dernières années, il y a encore beaucoup de chemin à faire : peu de femmes se retrouvent à des postes à hautes responsabilités ou sur le devant de la scène politique. Le fameux plafond de verre demeure très solide… « Dans les années 80, il y a eu un vaste mouvement, les femmes ont pu atteindre des postes très seniors. Et depuis, plus rien, c’est la stagnation. Pourquoi? C’est la question que je me pose », conclut Ginette.
Aujourd’hui fondatrice et présidente du cabinet de conseil en recrutement, intégration et employabilité Innov Capital Humain, Ginette réseaute beaucoup… avec des hommes, et surtout avec des femmes. Sachez, messieurs, que les réseaux de femmes d’affaires, tels que Femmes d’Affaires Canadiennes, la Fédération Canadienne des Clubs de Femmes d’Affaires, ou encore le Réseau d’Affaires des Femmes Canadiennes, sont florissants au Canada.
Le sexe fort n’a qu’à bien se tenir !
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Un point de rencontre international entre femmes d’affaires
Le Carrefour d’affaires au féminin, organisé par le Réseau des femmes d’affaires marocaines du Canada, se tient chaque année dans un pays différent. Il se déroulait à Montréal cette année, du 9 au 13 juin 2008. Sa mission : promouvoir la création de réseaux d’échanges entre femmes d’affaires du monde entier, afin de mieux répondre aux obstacles spécifiques auxquels elles sont confrontées. Moment de rencontres et d’échanges, il vise aussi à alimenter la réflexion sur le rôle des femmes d’affaires sur les plans économique et social.
Pour en savoir plus : www.cafem.ca
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