Publiée le 1er novembre dernier à l’international, la norme ISO 26 000 se propose de servir de guide et de cadre en matière de responsabilités sociales et de développement durable. Revue des implications concrètes de ce nouvel outil.
Des grands principes à l’application
Pour définir le périmètre de ce que sont la responsabilité sociétale et l’impact qu’a l’entreprise sur le monde qui l’entoure, la norme invite à articuler toute démarche autour de sept questions centrales : gouvernance de l’organisation, droits de l’Homme, relations et conditions de travail, environnement, bonne pratique des affaires, questions relatives aux consommateurs et enfin engagement sociétal, pouvant être compris comme contribution au développement local. Autant de principes directeurs, qui chacun correspondent à des leviers d’action précis dans la réalité quotidienne de l’entreprise.
Pour Stéphane Racine, directeur général de Consortium Evolution, société de conseil aux entreprises sur les questions sociales et environnementales, « il faut avant tout une prise de conscience des instances directionnelles. Pour être efficace, un projet doit être pensé et porté par la gouvernance de l’entreprise, afin d’impliquer au mieux, par des mesures concrètes, ciblées et surtout cohérentes, tous les niveaux et tous les métiers. »
Les stratégies qui fonctionnent
« La mobilisation de l’ensemble des ressources humaines est bien sûr la clé. L’implication et l’adhésion des employés sont des conditions sine qua non à l’intégration réussie de la norme ISO 26 000. Ce sont eux qui, dans leur quotidien, vont assurer la transition entre la prise de résolutions et l’obtention de résultats tangibles. » Si des dispositions peuvent être instaurées au cœur des fiches de poste, en favorisant par exemple les conditions de travail et l’équité salariale, en modifiant les stratégies marketing sur la base de l’éco-conception, ou encore en redéfinissant les priorités d’un responsable d’usine ou d’un chef de chantier ; les expériences externes sont aussi une solution. Citons notamment les salariés d’Aviva, qui bénéficient chaque mois de deux heures entièrement consacrées à des missions associatives, ou bien ceux de Body Shop, encouragés par leur direction aux moyens de divers avantages à s’engager bénévolement.
Autre stratégie primordiale : « chercher à s’associer à des causes proches des missions premières de l’entreprise, en concentrant les efforts sur des problématiques qui sont directement reliées à son secteur d’activité. » Ainsi, une entreprise de transport ou une structure industrielle aura tout intérêt, et plus de facilités, à mettre l’accent sur la question de l’énergie ; quand une société de services gagnera à se focaliser sur des sujets tels que le bien-être et le respect des personnes.
Par ailleurs, de nombreuses entreprises font le choix de miser sur la création d’une fondation, qui cristallise leurs initiatives en matière de responsabilités sociales. « Un réflexe intéressant, à l’impact certain, mais qui ne peut concerner que les grosses structures », précise Stéphane Racine.
Heureusement, « même les mesures les plus simples sont bénéfiques, et ont l’avantage d’être aisément mises en œuvre par n’importe quelle entreprise, peu importe sa taille ou ses moyens. » Utilisation de papier recyclé, préférence pour les modes de transports écologiques lors des déplacements professionnels, mise à profit des nouvelles technologies et recours au télétravail, ou encore organisation de séminaires de sensibilisation… La liste est longue.
Guider sans imposer
Bien que norme, ISO 26 000 n’est dans les faits qu’un simple outil d’orientation, qui indique la marche à suivre sans établir d’exigences ni prescrire d’impératifs. Une faille pour certains, qui regrettent l’impossibilité d’harmoniser des exigences internationales, génériques et universelles, avec les réglementations propres à chaque pays. Il n’existe donc pas de certificats délivrés aux entreprises. Malgré cela, appliquer puis donner à voir les mesures prises et les résultats obtenus s’avère être une stratégie de communication payante.
Pour une entreprise à valeur ajoutée
Selon Sandra Tavares, directrice de Tavares Group Consulting et animatrice de séminaires sur les implications et l’intégration pratique de la norme ISO 26 000, les entreprises ont en effet tout à gagner. « Voici les (autres) bonnes nouvelles : les bénéfices collatéraux. Assumer ses responsabilités sociales, c’est aussi s’offrir un argument supplémentaire pour attirer et fidéliser collaborateurs et clients. Développer l’image de marque de l’entreprise sera toujours profitable face à des investisseurs. » Des bonus non négligeables pour l’entreprise qui initie, via la norme ISO 26 000, la démarche d’une action positive sur la société.