Après avoir occupé des postes de direction chez Procter & Gamble, Moosehead ou encore Indigo, Patrick Sullivan a repris la tête de Workopolis en 2003. Il était alors nouveau venu dans le monde du recrutement et a connu, depuis, un succès indéniable : le nombre d’offres postées par jour a doublé en trois ans et le trafic a augmenté de 40% entre 2005 et 2006. Il revient pour nous sur les dernières actualités de Workopolis et nous livre sa perception du marché du e-recrutement.
Pourquoi avoir choisi de poursuivre votre carrière dans le monde du recrutement en ligne ?
Les propriétaires de Workopolis m’ont offert cette opportunité quand j’étais dans une autre filiale du groupe, Toronto.com. J’ai accepté et ce poste s’est ensuite révélé être l’un des plus excitants et satisfaisants de ma carrière.
Ce secteur est en pleine effervescence, Workopolis a connu plus de 30% de croissance annuelle ces dernières années. Travailler dans l’emploi est particulièrement motivant : nombre de personnes nous disent avoir trouvé un meilleur poste grâce à Workopolis et avoir amélioré ainsi leur qualité de vie.
Quel est le bilan 2006 pour Workopolis ?
L’année a été excellente. Le nombre d’offres affichées a cru de 25% et nous détenons maintenant près de 40% du marché. Le trafic a beaucoup augmenté avec 5 millions de candidats enregistrés, dont plus d’un million en recherche active.
La principale nouveauté de 2006 a été le changement de l’actionnariat. Nous ne sommes maintenant plus détenus par Bell Globemedia qui se recentre sur ses activités, mais par les deux groupes de presse Gesca, filiale du groupe Power Corporation, et Torstar.
Autres points forts de l’année : notre sélection en tant que partenaire officiel des Jeux Olympiques d’hiver en 2010 et la conclusion du partenariat avec Yahoo! Canada pour leur section emploi. Yahoo! a ainsi préféré abandonner son site Hotjobs et opter pour Workopolis qui présente de meilleurs résultats au Canada avec davantage d’offres et de contenu.
Enfin, nous sommes très heureux d’avoir conclu un partenariat avec le Toronto Board of Trade, la plus grande chambre de commerce locale au Canada, Workopolis devenant leur site emploi officiel.
Quelle est votre vision du marché du recrutement en ligne au Canada ?
Ce marché est encore loin d’avoir atteint sa maturité. 170 000 offres d’emploi sont actuellement en ligne au Canada : c’est encore peu pour une économie dynamique comme la nôtre qui a créé 350 000 emplois nets cette année.
Une petite partie des 2 millions d’entreprises canadiennes utilisent Internet pour leur recrutement. Les grandes entreprises sont maintenant habituées à passer par la toile mais les petites et moyennes compagnies connaissent toujours mal ces opportunités, or elles emploient plus de 35% de la force active canadienne. En tant que premier site emploi canadien, Workopolis compte 9 000 entreprises clientes.
Le marché est donc toujours à conquérir et les opportunités de croissance sont nombreuses pour les années à venir. Avec près de 19 millions d’utilisateurs d’Internet au Canada, les possibilités sont vastes…
Des pays comme les USA, la Grande-Bretagne ou l’Australie sont très en avance sur nous. Nous avons d’ailleurs beaucoup à apprendre de leurs expériences.
Quelles seront les prochaines avancées technologiques sur ce marché ?
D’un point de vue technologique, je dirai que les sites emploi sont en avance sur les habitudes d’utilisation des employeurs et des candidats. Peu de nos utilisateurs profitent véritablement des outils technologiques que nous leur offrons, tels que les possibilités de personnalisation. La plupart ont un usage basique de notre site.
Nous avons, pour notre part, amélioré plusieurs fonctionnalités de notre site l’année dernière, telles que le formulaire de dépôt de CV, et nous ne prévoyons pas d’innovations technologiques l’année prochaine.
Quels conseils donneriez-vous aux recruteurs ?
Le marché de l’emploi est de plus en plus concurrentiel, les employeurs doivent donc adopter une approche stratégique et utiliser tous les outils de sélection disponibles pour gagner en efficacité. Les outils en ligne que nous proposons permettent de cibler plus facilement des qualifications spécifiques. Je pense qu’il y a aussi un effort à faire pour énoncer plus clairement les annonces d’emploi afin d’améliorer le ciblage.
Au-delà du recrutement, un sondage que nous avons réalisé il y a un mois révèle que les plus grands défis des ressources humaines sont la rétention des employés clés et l’amélioration de l’implication du personnel. L’amélioration des conditions de travail et la gestion des talents sont donc tout aussi importantes que le recrutement. Notons que le quart des démissions sont dues à la recherche de meilleures opportunités et près de 15% à la quête d’un meilleur équilibre vie professionnelle et personnelle.