Les organisations dotées d’une politique de responsabilité sociale sont souvent plus séduisantes aux yeux de leurs clients, fournisseurs et employés. En prime, elles attirent davantage les grâces des autorités gouvernementales.
Avantageuses, les politiques de responsabilité sociale? Peut-être bien, car les entreprises qui en adoptent une sont moins susceptibles d’être corrompues ou mises à l’amende, révèle une récente étude menée par l’université de Princeton.
Les chercheurs Harrison Hong et Inessa Liskovich constatent que ces entreprises reçoivent des amendes jusqu’à 38 % moins élevées que les autres organisations. Précisons que ces amendes étaient celles émises par les autorités en charge de punir la corruption des entreprises américaines à l’étranger.
Rayonnement général
La définition de la responsabilité sociale d’entreprise (RSE) varie d’une organisation à l’autre. De façon générale, selon le World Business Council for Sustainable Development, il s’agit de « l’engagement continu par les entreprises de contribuer au développement économique tout en améliorant la qualité de vie des salariés ainsi que de la communauté et de la société au sens large ». On y rattache souvent les principes de développement durable, par exemple.
Pour les chercheurs américains, les entreprises ayant mis en place des politiques de RSE bénéficieraient d’un effet de halo, c’est-à-dire d’un biais cognitif qui répercute le côté positif d’un élément sur d’autres caractéristiques. Autrement dit, elles sont globalement perçues de manière positive et font l’objet d’une plus grande indulgence.
« Ce phénomène de l’effet de halo est courant dans la psychologie humaine, explique Denis Morin, professeur titulaire en gestion des ressources humaines à l’École des Sciences de la gestion de l’UQAM. Par exemple, il est reconnu que la grande beauté physique d’une personne est associée de façon incorrecte à une intelligence et à des habiletés interpersonnelles supérieures. »
Des effets prouvés
Cet effet de halo peut aussi aider les entreprises à attirer et à fidéliser leurs salariés. Mais pour Denis Morin, il est essentiel que leur discours en faveur de la RSE corresponde aux pratiques et se traduise par une préoccupation réelle pour le bien-être des employés. « Il faut être cohérent à 100 % sous peine d’alimenter un certain cynisme », souligne-t-il.
Les entreprises ont d’ailleurs tout intérêt à respecter concrètement leur politique de RSE plutôt qu’à s’en servir uniquement pour projeter une belle image d’elles-mêmes. « Au-delà du discours managérial, les diverses études démontrent que l’implantation concrète de pratiques en RSE et en développement durable favorise une meilleure attraction des chercheurs d’emploi auprès de l’organisation. »
Autres avantages : un meilleur engagement, davantage de créativité et une plus grande performance au travail de la part des employés, une fidélisation accrue à l’organisation ainsi qu’un bien-être important en milieu de travail, poursuit le spécialiste.
De l’autre côté du miroir
Pour y parvenir, Denis Morin estime que les conseils d’administration et les gestionnaires doivent être exemplaires et agir comme des modèles. « Ce n’est pas facile, car cela exige de l’intégrité et de l’authenticité », reconnaît-il.
Pour faire primer les intérêts supérieurs de l’organisation sur les intérêts personnels de ses membres, il conseille aux dirigeants et aux employés de prendre régulièrement du recul et de s’interroger sur l’adéquation de la politique de la RSE à la réalité. « Ils doivent réaliser périodiquement une introspection personnelle et professionnelle ainsi qu’une analyse des processus organisationnels dans la volonté d’améliorer les processus d’affaires tout en tenant compte du bien-être des employés », indique-t-il.
Si l’influence d’une politique de RSE est bien réelle sur la manière dont est perçue une compagnie, encore faut-il donc que les belles paroles ne restent pas en l’air, mais qu’elles se concrétisent au quotidien pour vraiment profiter à l’entreprise.