Le taux de chômage mondial s’est encore creusé l’an dernier. En effet, les chômeurs étaient 202 millions en 2013, soit 5 millions de plus qu’en 2012. C’est ce que révèle le Rapport 2014 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) sur les tendances mondiales de l’emploi.
L’an dernier, l’augmentation la plus conséquente du chômage a été enregistrée en Asie du Sud et en Asie de l’Est, ces deux régions représentant à elles seules 45% de la hausse du nombre de chômeurs. Elles étaient suivies de l’Afrique Subsaharienne et de l’Europe. A contrario l’Amérique latine n’a vu son chômage croître que de 1% par rapport à 2012. De manière générale, la crise de 2008 continue d’impacter fortement le marché de l’emploi mondial. La situation ne devrait guère s’améliorer dans le futur. Le chômage devrait en effet dépasser les 215 millions de chômeurs d’ici 2018. La conjoncture est tout autre au Canada, puisqu’à l’instar du Japon et de l’Allemagne, le pays a vu son nombre de chômeurs baisser. Le taux canadien est ainsi passé de 7,2% à 7,1% de 2012 à 2013, et devrait à nouveau baisser cette année selon les prévisions de l’OIT pour stagner à 7% jusqu’en 2015.
Un déficit d’emploi toujours plus grand
S’agissant du déficit d’emplois sur la planète, il était de 62 millions en 2013, composé de 32 millions de nouveaux demandeurs d’emploi, de 23 millions de personnes découragées qui ne cherchent plus d’emploi et de 7 millions d’inactifs. Et si 40 millions d’emplois devraient être créés chaque année jusqu’en 2018, le déficit d’emploi devrait augmenter malgré tout. Et pour cause : le nombre de personnes intégrant chaque année le marché du travail devrait être de 42,6 millions, selon l’OIT. Le taux de chômage devrait stagner en demeurant supérieur d’un demi-point au pourcentage précédant la crise, dans les cinq prochaines années. Au Canada, le nombre de demandeurs d’emploi est resté stable puisqu’il était de 151 400 personnes en 2012 et 2013.
13,1% des jeunes au chômage
Les 15-24 ans font partie de la population la plus touchée par le chômage. En 2013, ils étaient 74,5 millions à chercher du travail, soit un million de plus qu’en 2012. Leur taux de chômage à l’échelle mondiale était de 13,1% l’an dernier : un score trois fois supérieur à celui des plus âgés. Au Canada, les jeunes qui n’étaient ni salariés, ni en formation, représentaient 14% de la population des 15-29 ans en 2007 et 15% en 2012. Par ailleurs, la durée du chômage s’est allongée de manière significative et a doublé par rapport à celle enregistrée avant 2008. Dans la zone euro, par exemple, elle a atteint 9 mois en Grèce et 8 mois en Espagne. Les pays où la reprise est plus nette n’ont pas été épargnés non plus, le chômage de longue durée touchait plus de 40% des demandeurs d’emploi aux États-Unis. Au Canada en revanche, si la durée du chômage était légèrement supérieure à 4 mois en 2010 et 2011, elle est redescendue sous la barre des 4 mois en 2012. Une situation qui grève les finances publiques des pays concernés, contraints d’augmenter les impôts. Autre conséquence : les chômeurs de longue durée perdent progressivement leurs compétences, ce qui rend leur réintégration et leur réorientation professionnelles encore plus difficiles.
48% d’emplois précaires
Les travailleurs indépendants et familiaux non rémunérés considérés comme précaires, constituaient 48% de l’emploi total en 2013. Ce sont les mêmes qui auraient un accès limité voire quasi inexistant à la sécurité sociale et à un revenu sécurisé. Le nombre de personnes en situation de travail précaire a cru de 1% par rapport à 2012, pire, il a été multiplié par cinq depuis la récession. En revanche, le nombre de travailleurs pauvres a diminué ces dernières années. Les travailleurs vivant avec 1,25 US$ par jour étaient 375 millions et 839 millions à subsister avec 2 US$ en 2013, contre 600 millions et 1,1 milliard dans les années 2000. L’an passé, ils représentaient respectivement 11,9% et 26,7% de l’emploi total.
Relancer l’emploi
L’OIT rappelle que des solutions viables existent. Elles passent par un rééquilibrage des politiques macroéconomiques et par un revenu plus élevé. D’après une simulation élaborée par le G20, le rééquilibrage permettrait de réduire le chômage de 1,8% d’ici 2020, représentant ainsi 6,1 millions d’emploi créés. En outre, les états devraient revoir leur financement de mesures en faveur de l’emploi à la hausse. Si les pays de l’OCDE dépensaient 1,2% de leur PIB pour relancer le marché du travail, au lieu des 0,6% comme ils le font actuellement, près de 4 millions d’emplois pourraient être créés dans les pays développés et ceux membres de l’Union européenne. Un effort qui pourrait s’avérer payant, et que les états se doivent donc de considérer.