En 2019, améliorer la santé mentale des employés devait être la priorité numéro 1 de 48 % des dirigeants des ressources humaines, indiquait un sondage réalisé en 2018 par Morneau Shepell, auprès de 356 organisations canadiennes. Or, si certains comptent sur des programmes de mieux-être axés sur la personne, ils font fausse route, car c’est l’organisation qu’il faut soigner ! C’est ce qui ressort d’une conférence portant sur la santé mentale présentée au Congrès RH 2019 le 8 octobre dernier.
Selon un autre sondage de Morneau Shepell mené en 2018 auprès de 1 591 Canadiens, 27 % des employés et 34 % des gestionnaires rapportaient un stress extrême au travail, révélait Michèle Parent, CRHA, directrice services-conseils en santé chez Morneau Shepell. De son côté, Jade Beaudin, cheffe de projets optimisation et transformation en santé sécurité au travail chez Hydro-Québec, a enquêté auprès de 100 gestionnaires et noté chez eux plusieurs signaux de stress : implication en baisse, absentéisme en hausse, report de vacances.
D’après ces sondages et enquêtes, la charge de travail, l’isolement, le manque de soutien, les changements organisationnels, le manque d’intimité dans les aires ouvertes et l’hyperconnexion sont au banc des accusés.
Il existe de nombreux guides pour mettre en place des programmes d’aide aux employés et réduire leur stress. « On a fait toutes sortes d’activités sur le bien-être, sur les habitudes de vie et sur ce que j’appelle de manière provocatrice les approches pomme-carotte-bicycle. Mais il faut reconnaître que ça ne fonctionne pas », scandait Jean-Pierre Brun, CRHA, professeur à l’Université Laval et consultant associé chez Empreinte Humaine. L’erreur de ces approches est de porter sur les personnes alors que les facteurs de risque identifiés sont plutôt d’ordre organisationnel. C’est donc l’organisation qu’il faut assainir.
Pour être saine, une organisation doit associer une stratégie de prévention en santé mentale à tous ses projets, que ce soit une révision de processus, une fusion d’équipe, un changement d’équipement… conseille Jean-Pierre Brun. Guidée par Empreinte Humaine, c’est l’approche que développe la division TransÉnergie d’Hydro-Québec. « On ajoute la santé psychologique à tout ce qu’on fait, comme les formations ou l’intégration des nouveaux employés », dit Jade Beaudin.
Notamment, comme le manque de soutien et de reconnaissance est un facteur de stress, Hydro-Québec compte former la haute direction à mieux soutenir ses gestionnaires pour qu’ils en tirent un exemple et soutiennent à leur tour leurs employés.
Les sondages futurs diront si cette approche a porté ses fruits.