Philippe, 56 ans, est commerçant depuis plus de trente ans. Il y a quelques années, il s’est accordé le « loisir » de développer d’autres compétences, au point tel qu’il se présente aujourd’hui comme commerçant/professeur au cégep/entraîneur/musicien. Vous l’aurez compris, l’épithète de « slasheur » vient du cumul de barres obliques sur la présentation.
Comme de plus en plus de gens en Europe et en Amérique du Nord, Philippe a récemment modifié sa vie professionnelle en juxtaposant plusieurs activités rémunérées. Si certains le font par nécessité économique, plus des deux tiers le deviendraient par choix.
« Les gens le font par désir de ne pas s’enfermer dans une seule activité, par désir de déployer leurs multiples potentiels et compétences et pour pouvoir faire appel à différentes formes d’intelligence », explique Marielle Barbe, slasheuse (coach/consultante/formatrice/auteure/conférencière) et auteure de Profession slasheur : cumuler les jobs, un métier d’avenir, aux Éditions Marabout.
Phénomène des générations Y/Z ?
« Pas du tout, répond Marielle Barbe. Sans en avoir le titre, nos grands-parents ont aussi cumulé des emplois pour joindre les deux bouts… Pour ma part, j’ai cru que j’étais instable et indécise jusqu’à tout récemment. »
À la différence de leurs aînés, de nombreux jeunes professionnels des générations Y et Z choisissent de s’affranchir de l’étiquette d’expert, ou de « monoprofessionnel ». « Pour être épanoui professionnellement, il faut que les activités fassent appel au cœur, au corps et à la tête, donc à la créativité, à l’interaction sociale, au mouvement, précise Marielle Barbe. C’est une réinvention de la relation au travail qui se répand à vitesse grand V. »
Des diamants à plusieurs facettes
Selon Marielle Barbe, les entreprises devront s’adapter à cette réalité en évolution. « Les slasheurs ne sont plus les vilains petits canards, ou les instables chroniques, mais bien les profils qui seront les plus recherchés grâce à leur agilité et à leur compréhension de la complexité », explique-t-elle.
Le gouvernement du Canada a d’ailleurs lancé, à l’hiver 2018, un programme « d’agents libres » pour aider au recrutement et à la rétention de jeunes fonctionnaires. Ce programme offre une plus grande mobilité professionnelle au sein de la fonction publique grâce à des projets et à des rôles ciblés.
Qui peut être slasheur ?
« Tout le monde… à condition d’avoir le bon état d’esprit ! » lance Marielle Barbe.
Comme Philippe, il faut avoir une curiosité insatiable/être porté par les découvertes/être enthousiaste et autodidacte/pouvoir intégrer l’apprentissage par l’échec et les erreurs/valoriser la liberté/développer de nombreuses compétences/etc.