Fin mai, le gouvernement du Québec présentait sa Stratégie nationale sur la main-d’œuvre (SNMO) 2018‑2023 : 47 mesures assorties d’une enveloppe budgétaire de 1,3 milliard sur 5 ans. Quel accueil en ont fait les principales organisations et associations de la province ?
Associations patronales et syndicales ont pu redire l’urgence qu’il y avait d’agir et ont, dans l’ensemble, réagi favorablement à l’initiative gouvernementale. Elles se sont notamment réjouies des premiers fruits du dialogue social entamé depuis le Rendez-vous national sur la main-d’œuvre, en février 2017.
Toutefois, les principaux acteurs attendent la mise en œuvre des mesures annoncées. Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), déclare que si « le gouvernement se donne une chance de réussir », il espère que « l’annonce ne soit pas juste un exercice de relations publiques ». Même souhait chez Stéphane Forget, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) : « Il faut des actions concrètes, livrées avec conviction et fermeté, autrement le Québec se dirige inéluctablement vers une croissance plus faible. »
Un besoin de solutions locales
La FCCQ et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) estiment que ces initiatives, aussi novatrices soient-elles, doivent répondre aux enjeux du marché du travail régional. « Une part de réussite de la SNMO reposera sur le fait qu’elle sera déployée de manière régionale, pour bien répondre aux spécificités de chaque région du Québec », estime François Lehouillier, président de la Chambre de commerce et d’industrie Nouvelle-Beauce.
Mais l’attraction et la rétention de main-d’œuvre qualifiée en région n’est pas un problème nouveau. Nadia Minassian, préfète de la MRC du Rocher-Percé, regrette que la SNMO arrive tardivement, « en réaction », et souhaite maintenant « des solutions réellement adaptées aux besoins des entreprises de la région ».
Miser sur la jeunesse
La SNMO envisage de faire face à la pénurie de main-d’œuvre par l’intégration massive des jeunes de moins de 35 ans au marché du travail d’ici 2013. Ces derniers permettraient de pourvoir plus de la moitié du 1,3 million de postes qui devront l’être en 10 ans.
À l’annonce d’un tel objectif, Serge Duclos, président du Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec (RCJEQ) a rappelé la priorité de réduire « un taux de chômage très préoccupant chez les jeunes ». En avril dernier, il s’élevait à 9,6 %, soit 4,2 points de plus que celui de la population active.
De son côté, la Fédération des cégeps s’est déclarée satisfaite des mesures valorisant la formation qualifiante offerte au niveau collégial, avec notamment l’objectif de diplômer davantage d’étudiant(e)s en soins infirmiers, « à travers une analyse des compétences pertinentes requises et une révision des programmes d’études collégiales et universitaires ».
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