D’après un rapport publié fin mars, les entreprises canadiennes des TIC s’apprêtent à souffrir d’un important manque de personnel. Retour sur les problématiques et leviers d’actions potentiels d’un secteur en constante mutation.
Formulé conjointement par l’ACTI* et le CTIC** dans le rapport Perspectives sur les ressources humaines dans le marché du travail des technologies de l’information et des communications– 2011 à 2016, le constat est sans appel. Le secteur sera confronté au cours des cinq années à venir à une pénurie conséquente de main d’œuvre qualifiée opérationnelle. Les besoins en ressources humaines devraient très largement surpasser l’offre disponible sur le marché, à hauteur d’environ 106 000 postes qui peineront à être pourvus.
Touchant sans distinction l’ensemble des acteurs et intervenants, les emplois requérant des compétences de pointe, notamment dans les domaines du marketing, des finances ou de la comptabilité, seront les plus affectés ; reflets d’un domaine des technologies en proie à de profonds changements.
Un phénomène systémique
Les causes sont multiples. Mobilité professionnelle plus grande et désormais internationale, savoir-faire et outils qui sans cesse se renouvellent et nécessitent pourtant des compétences pratiques éprouvées, question démographique, pratiques d’investissement changeantes ou encore déséquilibre probant entre les sexes, avec une prédominance masculine de 75 % limitant le bassin de travailleurs qualifiés… Des facteurs pluriels, pointés du doigt par les professionnels des TIC, sur lesquels il convient d’agir dans l’optique de renverser au plus vite la tendance.
Les instruments du changement
De l’industrie au gouvernement en passant par l’éducation, l’effort se doit, afin d’être aussi bien rapide que pérenne, d’être concerté et pensé de façon globale. Une certitude qu’exprime la Stratégie sur l’économie numérique, mise en place au cours des mois prochains par le gouvernement fédéral sur les conseils de plus d’une centaine d’organismes ; dont le CTIC, qui préconise cinq recommandations majeures :
• Encourager le pays à accroître, ou tout au moins maintenir, le nombre d’inscriptions aux divers programmes de formation postsecondaire en TIC ;
• Favoriser au sein des établissements scolaires de niveau postsecondaire les cursus intégrés et interdisciplinaires incluant des stages ou toute autre opportunité d’apprentissage pratique, afin de concorder en tous points avec les nécessités actuelles des entreprises ;
• Inciter les employeurs à miser sur le recrutement de candidats en passe d’être qualifiés, et à mettre en place des possibilités de perfectionnement professionnel souples et accessibles, adaptées à l’évolution rapide et perpétuelle des besoins ;
• Renforcer l’intégration de travailleurs formés à l’étranger, immédiatement opérationnels ;
• Favoriser la diversité et l’inclusion des groupes sous-représentés au sein du secteur des TIC, notamment les femmes, avec pour objectif de générer au sein des entreprises canadiennes des gains de productivité et des avantages concurrentiels sur le marché international.
* Association canadienne de la technologie de l’information
** Conseil des technologies de l’information et de la communication