En Suède, la municipalité de Göteborg expérimente un projet qui vise à diminuer le nombre d'heures de travail par jour d'un groupe de fonctionnaires. Objectif : déterminer si travailler moins longtemps peut permettre de gagner et faire autant, en accroissant la productivité. Une méthode qui a fait ses preuves dans la deuxième plus grande ville du pays au sein de l'entreprise Toyota.
C'est une expérience à laquelle de nombreux travailleurs aimeraient certainement pouvoir participer : travailler moins pour gagner autant. La municipalité de Göteborg offre actuellement cette opportunité à un groupe de fonctionnaires du secteur des soins aux personnes âgées. Ces derniers travaillent 6 heures par jour alors que dans le même temps, un autre groupe continue à œuvrer les 8 heures habituelles. L'opération consiste à observer le rendement de cet échantillon test et savoir si, en travaillant moins mais mieux, les travailleurs conservent la même productivité. Le secteur n'a pas été pris au hasard puisque certains employés, trop sollicités, seraient aujourd'hui jugés inefficaces.
En moyenne, un Suédois travaille aujourd'hui 40 heures par semaine. D'après les derniers chiffres publiés par l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), en 2012, le Suédois moyen a travaillé 1 621 heures au total. C'est plus qu'aux Pays-Bas, réputé pour être le royaume du temps partiel avec 1 381 heures, ou que la France avec ses 1 479 heures. Mais c'est aussi moins que le Royaume-Uni avec 1 654 heures ou que les États-Unis avec 1 790 heures.
Réduire l'absentéisme au travail
Selon les spécialistes, passer moins de temps au travail devrait contribuer à diminuer l'absentéisme. Les autorités municipales analyseront après un an les données pour savoir si la journée de 6 heures permet de faire des économies en réduisant le nombre d'arrêts maladie. Elle décidera si l'expérimentation doit être étendue ou pérennisée en examinant également si les participants du groupe test ont amélioré leur santé mentale et physique. Travailler moins devra toutefois s'accompagner de résultats pour rester compétitif face à la concurrence. Selon le Conference Board, une organisation américaine de recherche sur l'entreprise, la Suède occupe à l'heure actuelle le 11e rang sur 61 pays évalués en termes de richesse produite par heure et par personne.
Vers la création de nouveaux emplois ?
Si pour l'instant l'expérience se limite au secteur public, Mats Pilhem, conseiller municipal de Göteborg, est convaincu que la Suède se dirige vers la généralisation des journées de travail plus courtes. Un choix qui s'explique selon lui par le fait que les travailleurs entreprennent des carrières de plus en plus longues. Il est désormais nécessaire de réfléchir à la manière de créer un environnement plus humain sur le lieu de travail. Mats Pilhem aspire également à créer à l'avenir de nouveaux emplois de cette manière.
Alors que l'idée ne date pas d'aujourd'hui, l'initiative de la mairie de Göteborg relance une nouvelle fois le débat. Les opposants s'insurgent contre la proposition en prenant pour exemple les résultats mitigés engendrés par les 35 heures en France et en Allemagne. Autre argument en leur faveur, la journée de 6 heures a déjà été expérimentée en Suède. Pendant pas moins de 16 ans, 250 employés du conseil du district de Kiruna en ont bénéficié. La mesure a été supprimée en 2005 sans que ses initiateurs aient pu démontrer véritablement son efficacité.
L'exemple réussi de l'atelier Toyota
Les défenseurs du projet prédisent pourtant des économies réalisées sur le long terme grâce à des salariés moins souvent malades au fil des années, et moins fatigués à l'approche de la retraite. Ils peuvent également s'appuyer sur la réussite de l'usine Toyota de Göteborg. Sur place, la journée de 6 heures y a été introduite en 2002 afin de mieux rentabiliser les installations en divisant sans coupure le travail entre une équipe du matin qui cède la place à une autre l'après-midi. Vu les résultats obtenus, l'entreprise a d'ores et déjà fait savoir qu'elle ne comptait pas mettre fin à l'expérience. Pour le plus grand plaisir de ses techniciens…